“Je lutte donc je suis ” – La résistance donne du sens à la vie !
Dans la lignée des Indignés, des hommes et des femmes ont décidé que se résigner n’était pas vivre. Acculés à la misère, à la souffrance, il leur reste la solidarité et la lutte pour vivre autrement ! Le film raconte ce mouvement social, qui de Grèce à l’Espagne portent haut de nouvelles organisations qui toujours placent l’humain au premier plan.
“La seule façon de te sauver toi-même, c’est de lutter pour sauver les autres”. Le film s’ouvre sur cette citation de Nikos Kazantzakis. Ça commence fort ! La mer, ces ressacs qui viennent contourner l’obstacle, cet inlassable va-et-vient qui jamais, ne capitule. Et les enfants qui jettent des cailloux à la mer…
Résistance !
Réduits à ne plus pouvoir vivre, des hommes et des femmes, en Grèce, en Espagne, en Turquie … ont relevé la tête. Ils avaient ployé sous la violence de l’attaque, mais ils se sont relevés et ont dressé le poing. Résistance ! “Le capitalisme qui durcit, nous pousse à changer d’orientations, à trouver d’autres façons de vivre”, commente le réalisateur, Yannis Youlountas. Les pays les plus acculés ont dû trouver des moyens de ne pas mourir.
Reconstruire ensemble
Le film raconte ce mouvement social qui couve en souterrain “Sous les cendres, les braises brûlent encore” et qui un jour, parce que la coupe est pleine, jaillit, déborde, envahit. Fini de courber le dos, de se laisser expulser. L’État démolit leur quartier, tous ensemble, ils reconstruisent ! Les pierres passent de main en main, des plus petits aux plus âgés. Chacun trouve sa place sur ce chantier, parce que vivre debout et ensemble, vaut bien tout le reste !
À Exarchia, on recherche le consensus
Le Film fait une plongée au coeur d’Exarchia, le quartier anarchiste et rebelle d’Athènes. C’est un quartier politisé, où la révolte est ancrée depuis la résistance au nazisme. Il nous montre ces habitants, qui s’organisent face à la crise en répondant par l’autogestion. “Les gens ne pensent pas tous de la même façon car la richesse, c’est la diversité, mais Exarchia fonctionne en recherchant le consensus”, explique le réalisateur. 3 grands bars génèrent des revenus pour faire fonctionner des dispensaires, des services sociaux et du logement autogérés, des magasins gratuits et de la cuisine sociale.
Can Vies à Barcelone, le combat du peuple
La rébellion s’exprime aussi par les oeuvres taguées sur les murs. Le street art traduit tout ce que les gens ne peuvent pas dire. Ces graffitis en disent plus par les émotions qu’elles suscitent que bien des discours. Autre exemple d’affrontements, Can Vies à Barcelone. C’est à Barcelone en 1997 dans le quartier populaire de Sants que naquit le projet de Centre Social Autogéré (CSA) Can Vies. L’aventure commence dans un bâtiment abandonné par l’entreprise gérant les transports publics de la ville (TMB). Quand la ville décide de le détruire, la population fait barricade, incendie les pelleteuses. La ville répond par des coups de matraque, des charges et des arrestations.
La démocratie directe fait la force du peuple
Finalement, le maire capitulera tout en jugeant cette violence inacceptable. Le projet a le soutien de la population, parce qu’en face d’un gouvernement qui impose ses idées par la force, il y a des habitants solidaires qui gèrent ensemble et sont unis pour défendre ce qu’ils veulent. La démocratie directe fait la force du peuple et la solidarité son union. Ils refusent qu’un petit groupe séquestre la démocratie pour leur imposer ce qu’il croit bon pour le peuple.
Plus de télé, mais des agoras (assemblées)
“D78% des gens avaient une télé en Grèce, ils ne sont plus que 32%, parce qu’ils rejettent ce discours formaté et préfèrent les assemblées directes et les discussions en petits groupes. Ils arrêtent de se laisser coloniser l’imaginaire et redécouvrent le plaisir d’échanger”, remarque le réalisateur. Le film traduit une énergie, de la joie, de l’émotion et en tout cas, de la profondeur et du sens. Ces gens savent ce qu’ils ont choisi et pourquoi ils vivent. Ils refusent de transformer l’humain et la vie en marchandises.
Les besoins vitaux au centre
“La liberté ne s’écrit pas avec des euros ! Si la planète était une banque, ils l’auraient sauvée”. En Grèce, en Espagne, les gens n’arrivaient plus à se nourrir, à se loger, à se soigner. Les droits humains étaient bafoués. Aujourd’hui, c’est ce qu’ils défendent. “Un nouveau modèle de développement doit répondre aux besoins vitaux et non pas servir à augmenter la consommation à tout prix”.
Nuit debout gagne du terrain
“Vous êtes perdus si vous oubliez que les fruits sont à tous et que la terre n’est à personne“, « discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes » de Jean-Jacques Rousseau. En France, après les Indignés, c’est le mouvement “Nuit debout” qui gagne, d’abord sur la place de la République à Paris, et aujourd’hui dans bien d’autres villes. Une protestation claire contre les choix du gouvernement, en décalage avec les attentes d’une majorité d’habitants.
Qu’il se passe quelque chose en France …
“Les journées d’action sont utiles pour faire entendre la voix de la rue, mais elles n’apportent pas de solution”, constate Yannis Youlountas. Pour nous, l’important serait qu’il se passe quelque chose en France, parce que ça ferait une résonance avec ce qui se passe déjà au Sud. Ces alternatives qui marchent, prouvent qu’on peut vivre autrement, avec plus de solidarité, de participation citoyenne et ça pourrait bien faire basculer les mouvements extrémistes et le capitalisme dur“.
“Le gouvernement français a fait accepter l’inacceptable”
“La France est la première responsable de ce qu’il se passe en Grèce”.
Il cite encore l’achat des transports grecs par la SNCF, la tentative pour prendre la main sur l’eau d’EDF, Véolia et Suez en Crête. “La croissance verte est le pire des maux, parce que ce développement vert justifie de s’accaparer la nature en ayant l’air de la défendre”, lance Yannis Youlountas. Le combat est vital. Mais il y a aussi Thalès, une société française spécialisée entre autres dans la défense, pour surveiller les opposants et gérer les émeutes ou la transformation de centres de solidarité en centres de détention aux conditions sanitaires lamentables, sur l’impulsion d’experts français.