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Les Vosgiens qui comptent – Jean-Claude Diedler, Les Vosges d’hier, tremplin de l’avenir ?

Historien, chercheur à l’université de Strasbourg, Jean-Claude Diedler est l’un des spécialistes de la violence sociale et des croyances au XVIe et XVIIe siècle. Pour lui, comprendre le passé ouvre le chemin de l’avenir. Un regard qui peut offrir quelques clés aux Vosges. Dossier en partenariat avec la semaine (www.lasemaine.fr)

Lorrain et historien, il met en relief à travers l’histoire, « la vie des gens comme vous et moi ». Jean-Claude Diedler cherche dans les archives, les clés du présent et le fil rouge de l’avenir. Il veut comprendre ce qui fait agir les gens, le pourquoi de l’histoire. « C’est important de connaître ses racines dans une société qui a perdu ses repères ».

Repérer les archétypes comportementaux

C’est ce qui le conduit à étudier les comportements sociaux dans les communautés rurales assez fermées, comme la vallée de la Meurthe. Il cherche à repérer les archétypes, qui vont se reproduire au cours du temps.

Des archives jamais explorées

Sa période de prédilection se situe entre 1550 et 1630. « C’est mon territoire, explique-t-il. Les archives des Vosges n’avaient jamais été explorées. C’était un désert historique qui demandait à être découvert ».

La clé d’entrée de la langue

Il s’y est attelé à partir de la langue, de la signification des mots. Par exemple, le col du Trapin des saules était un lieu de sabbat au XVIe siècle. «  Trapin est un vieux mot qui veut dire danser, trépigner. J’ai cherché ce lieu de sabbat et je l’ai trouvé. »

1200 procès de sorcellerie

Il y a eu dans les Vosges sur cette période, 1200 procès de sorcellerie. C’est là que la répression a été la plus forte. Une équipe de chercheurs de l’université de Strasbourg travaille à recouper et analyser ces données scientifiquement. Jean-Claude Diedler est devenu un des rares spécialistes de l’imaginaire. « Je me suis focalisé sur ce sujet ».

La sorcière de la grotte

Originaire de Badonviller (54), il passe son enfance, fasciné par la grotte de la noire-Jeannette. On disait qu’il y avait une sorcière qui s’y cachait. Une rumeur qui aiguise sa curiosité. « J’ai cherché qui était cette Jeannette et j’ai trouvé, assure-t-il. Il en a gardé une attirance particulière pour l’histoire et les légendes.

Des croyances qui régentent la vie sociale

« La sorcellerie est un épiphénomène qui permet d’étudier des mentalités. Dans un procès de sorcellerie, tous les habitants témoignent. On a donc l’avis de tous». Il en dégage des pratiques, des croyances et des conditions de vie.

Un carrefour Européen

La Haute vallée de la Meurthe sur laquelle il a fait une thèse, se situe dans une région forestière et montagneuse, économiquement fragile. Elle se situe à la croisée de plusieurs axes majeurs. C’est une zone de passage, un carrefour européen.

Le progrès gagne les forêts

« Le duc de Lorraine pour asseoir son pouvoir, conte l’historien, fait venir des populations de partout, en leur promettant un lopin de terre. Il suffit de défricher un bout de forêt et de s’y installer. Les abbayes qui avaient occupé le terrain, ont été peu à peu encerclées. Le progrès s’est propagé avec la création de verreries, les scieries, puis le textile et la papeterie, attirées par la force motrice de l’eau ».

Une épidémie de sorcellerie

La Lorraine fut en proie à une véritable épidémie de sorcellerie, dont la plupart se situe dans les Vosges.  Le Procureur général de Lorraine, Nicolas Remy fit brûler plus de 900 personnes en 50 ans. L’épine dorsale du travail de Jean-Claude Diedler est le sentier des ducs, qui concentrent les lieux de sorcellerie.

Cercles fermés, un peu comme la Corse

« C’est un monde un peu fermé, enclavé, où la violence est pérenne. Elle semble la seule réponse possible à la peur. Les familles se marient entre elles, entre cousins et neveux. On y trouve une forte consanguinité et des inimitiés qui durent depuis 500 ans. Les problèmes se règlent localement entre clans familiaux. Le procès de sorcellerie arrive dès que le site ne peut plus nourrir tout le monde. Les pays cloisonnés développent des haines qui se perpétuent. Un peu comme en Corse … ».

Un tourisme d’histoire et de légendes

Il voit dans ces traces qui imprègnent le territoire une alternative à la crise. « L’industrie a fait son temps. On arrive au bout de ce système et il faut proposer autre chose, c’est le tourisme, défend-il. Dans les Vosges, on peut se promener comme il y a 500 ans avec les mêmes paysages. Ce qui fait de la région, une véritable richesse qu’il faudrait selon lui développer comme une offre touristique.

Les émotions de l’époque

« On peut recréer l’ambiance de l’époque et on trouve encore des inscriptions sur les pierres dont la rumeur dit qu’elle était un lieu de sabbat». Il imagine des historiens et des conteurs qui accompagnent les touristes sur un circuit et amènent les gens à replonger dans le passé et les croyances d’antan. Peut-être avec des scénographies ? Des projections qui fassent partager aux touristes les émotions et frayeurs de cette époque.

Vosges d’hier et d’aujourd’hui

Pour lui, c’est ce qui fera la renommée des Vosges de demain. Un terreau à creuser, pour ouvrir le département, lui donner une identité qui fasse venir les touristes et booster l’économie. C’est son cheval de bataille d’aujourd’hui.

Son dernier livre : La sorcière de la Vologne

 

 

 

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