Maison du Bailly – Bitume ? Vous avez dit bitume ?
A première vue l’exposition à la maison du Baillu interpelle. Rien de manifeste, sinon la prédominance du noir épais sur certaines œuvres. Après réflexion, cela ne ressemble pas à de la peinture expérimentale.Questionnements… Catherine Porentru expose jusqu’au 6 aout et se prête au jeu des questions réponses.
– Catherine, pourquoi le bitume? Un besoin inconscient de plumes?
C’est l’opposition des couleurs, la recherche de l’individualité , la sortie des sentiers battus . J’aime prendre une décision dans mes œuvres, mettre en balance et forcer la décision, franchir le pas. Je recherche à chaque exposition, un public en harmonie avec ma démarche. L’entreprise Colas à Nancy m’a permis d’exposer chez eux et j’ai trouvé un nouveau public qui, en constatant que j’utilisais leur matière première professionnelle, s’est interrogé sur le sens de ma démarche. Ils ont projeté leur propre vécu, qui n’était évidemment pas mon univers, mais il est tout aussi valable.”
Et ces mélanges de matières, de couleurs et d’affiches ?
J’aime lorsque les univers s’échauffent, se mesurent, se rapprochent. Les affiches et le bitume, l’urbain et l’organique, le lointain et la proximité. Mes affiches viennent du monde entier, elles représentent un lieu pour moi, les couleurs associées sont un choix en rapport avec ce voyage ou la création d’un autre univers et l’apport du bitume complète l’ensemble. Son aspect en desséchant va faire évoluer l’esthétique du tableau. Cet affrontement sur un tableau dégage de la vie et de l’énergie.
Peindre pour quel usage ? Quel sens ?
Peindre, c’est s’individualiser, s’extraire du monde et de ses contraintes, choisir sa voie. Chaque trait est habité de sa propre histoire, il est l’expérience présente. C’est une écriture imaginaire indéchiffrable, qui nous parle par sa présence, par son individualité. C’est une expression de liberté.
Un vécu, une expérience qui a provoqué cette démarche?
La rencontre avec Philippe Conti mon professeur, m’a appris à ne pas peindre de façon conforme et traditionnelle. Il m’a aidée à aller jusqu’au bout de ma démarche, de ma recherche, sans concessions. Et c’est ce que je fais maintenant depuis 15 ans. C’est ce que je présente dans le monde entier et ce jour à Epinal jusqu’au 6 aoÛt. Ensuite, ce sera Sion, la Suisse en Octobre, puis la Belgique. Berlin qui manifestent une nouvelle émergence m’intéressent aussi, alors que New York par exemple m’a déçue.
