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Rencontre avec « les experts » des Vosges

 

La cellule d’investigation criminelle  de la gendarmerie compte 5 techniciens sur les Vosges, dont un coordinateur des opérations criminalistiques. Elle s’appuie sur des techniciens d’investigation criminelle de proximité dans les brigades rurales. Chaque année, 390 à 500 affaires passent entre leurs mains et environ 2900 empreintes digitales, sont intégrées au fichier national.

 

La brigade départementale de recherches et d’investigations judiciaires, est située au 8 rue du professeur à Épinal. Ses 5 techniciens d’investigation criminelle, les TIC, comptent en moyenne 9 ans d’expérience. Le plus jeune dans le métier affiche déjà 6 ans d’expérience en investigation.

Les Techniciens d’investigation criminelle interviennent sur les scènes d’infraction ou de crime. Ils sont chargés de relever et d’analyser toutes les traces ou indices biologiques (sang, sperme, ADN…) ou digitales (empreintes), qu’elles soient visibles ou invisibles à l’œil nu.

Le relais local des TICP

La cellule d’investigation criminelle s’appuie depuis 2009, sur des techniciens de proximité (TICP), personnels des brigades territoriales formés. Il y en a 70 sur les Vosges. Ils recherchent les traces dans les affaires de délinquance rurale, de délinquance « de masse », (petits cambriolages, vols de voitures) et contrôle que les prélèvements qui seront envoyés à l’Institut national ou à la brigade départementale soient bien établis selon le protocole. S’ils ne peuvent pas intervenir directement, il sécurise la scène de crime et prépare l’intervention de la cellule d’investigation.

Un équipement d’analyse d’empreintes en 2012

Si rien n’est détectable à l’œil nu, ces traces seront révélées et analysées localement grâce aux moyens fournis par les nouvelles technologies. La brigade vosgienne est équipée depuis l’année dernière, de machines spécifiques qui permettent de pousser plus loin l’analyse d’empreintes au niveau local.

Les TIC sont formés pour interpréter ces traces et en déduire des informations utiles.

Certains TIC, comme l’adjudant chef Patrick Herveau à Epinal, sont capables d’établir un portrait robot à partir des témoignages des gens.

Des labos vosgiens pour les analyses urgentes

A chaque placement en garde à vue, le technicien établit une fiche d’empreintes des doigts et de la paume, qui sera intégrée au fichier national et servira de base de données.

Sur une scène d’infraction ou de crime, une fois les repérages effectués et les prélèvements conditionnés, certains biologiques peuvent être traités sur place. Depuis un an, tout ce qui est urgent, particulièrement les recherches ADN sont traitées par les laboratoires agréés des Docteurs Petit en toxicologie et du Dr Yen en génétique. Les autres prélèvements sont envoyés à l’Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale (IRCGN), laboratoire national situé à Rosny-sous-Bois en Seine-Saint-Denis.

Les experts de l’IRCGN

L’IRCGN regroupe des experts en balistique, en incendie et explosifs, des experts en micro analyse (terre, fibre, trace d’outils…), des experts en ADN, des experts en morpho analyse de traces (reconstituer la trajectoire, trouver quel outil a servi …), des experts en véhicules, des experts en nouvelles technologies.

Il possède un département « étude des squelettes » pour l’identification et un département entomologie. C’est à dire qu’en étudiant les insectes trouvés sur le cadavre, il est possible de déterminer à quand remonte non pas la date de la mort, mais la date à laquelle les insectes ont pu accéder au cadavre. « Sur 2 mois, on arrive à affiner le délai à 5 ou 8 jours près », précise l’adjudant chef Herveau. Il y a à peu près 5 à 6 experts par département. L’échelle de retour d’un prélèvement varie de 3 semaines à 6 mois. En moyenne, le délai est de 2 à 3 mois ». L’IRCGN emploie 290 personnes et traite 10 000 dossiers par an.

La révélation des traces par la poudre

Une première pièce est consacrée aux machines spécifiques.

La poudre est la technique la plus utilisée pour révéler une empreinte sur la scène de crime. Le technicien étale la  poudre (graphite) au pinceau sur la surface pressentie et fixe l’empreinte par un ruban adhésif. La poudre se colle aux sécrétions de l’empreinte et apparait. Elle est alors visible à l’œil nu. Il existe aussi une poudre blanche, une poudre fluorescente (révélée par UV), une poudre magnétique.

Cuves de fumigation

La cellule d’investigation vosgienne possède une cuve de fumigation. Le technicien dépose la trace sur un support ou les suspend. La machine diffuse un mélange d’eau et de colle qui se dépose sur les sillons. Si la trace est trop faible, il est possible de pulvériser un colorant, qui rendra les lignes de la trace plus repérables sous des rayons UV.

Une autre cuve projette un produit qui s’attaque aux acides aminés. Chauffée à 170°C, le produit révèle les courbes par réaction chimique.

Traces de foulage

La détection se fait par l’intermédiaire d’un champ électromagnétique. Le papier qui contient la trace, est recouvert d’un film transparent. Une pompe aspirante le maintient en place  et un mélange de microbilles et toner est pulvérisé sur le document et soumis au champ magnétique. La poudre de toner se colle sur les sillons et les révèle.

2900 empreintes digitales par an

Une 2e pièce contient les ordinateurs qui vont permettre de traiter les empreintes digitales relevées lors d’une garde à vue. Celles-ci sont numérisées et traitées par un logiciel qui les classe dans le fichier national. Les accords de Prüm signés en 2005 permettent de comparer entre pays, les traces qui ne figurent pas dans le fichier national.

Le fichier ADN se trouve à Ecully, mais seuls des personnels autorisés peuvent y avoir accès.

Une salle « nouvelles technologies »

Une 3e salle dispose d’une table rétro éclairée de grande dimension pour le traitement des scellés. Un crimescope (une source lumineuse qui émet des longueurs d’ondes allant de l’infrarouge à l’ultraviolet,) permet de détecter les traces de fluides corporels, les traces digitales, les traces colorées non visibles à l’œil nu. Un appareil photo commandé par ordinateur pour la macrophotographie, et un microscope éclairé par dessus et dessous, viennent complèter l’équipement pour des analyses de matière invisibles à l’œil (mise en évidence de traces d’outils ou du maniement d’objets, fibres, détection du bulbe contenant de l’ADN…). C’est dans cette salle que s’effectue la comparaison des empreintes. « Pour être attribuée, la trace doit comporter au moins 12 points de similitude et aucune divergence », précise l’adjudant chef Herveau.

Tous ces appareils doivent être systématiquement nettoyés avant et après l’utilisation et chaque utilisation est répertoriée.

Conservation et classement des prélèvements

Enfin, les dernières pièces servent à la conservation des prélèvements biologiques dans une armoire réfrigérée, en attendant que le procureur prenne une décision sur leur traitement, et au stockage des scellés avant, pendant et après le traitement. Ils sont répertoriés par numéro de procédure avec le nom du technicien qui suit l’affaire.

La dernière étape des TIC sera le rapport final ou le procès verbal. « Pour 2 à 3h sur le terrain, c’est 5 à 6 h d’écrits », témoigne l’équipe.

Formations spécifiques

Le technicien d’investigation criminelle de la gendarmerie, est un gendarme qui a suivi une formation de 9 semaines au centre national de formation de la police judiciaire de Fontainebleau. L’examen comprend la validation d’unités de valeur théoriques, et l’analyse de 3 scènes de crime fictives.

Le TICP suit une formation de 3 jours.

Le coordinateur criminalistique, est un technicien d’investigation criminelle d’un niveau Bac +3, qui a suivi un an de formation à l’université de Paris V pour se spécialiser dans la gestion des scènes de crime et le management d’équipes. Il est responsable des aspects criminalistiques tout au long de l’enquête. C’est l’adjudant chef Patrick Herveau qui occupe cette fonction dans la brigade vosgienne.

Un suivi sur la durée

« Il n’ya pas de petites affaires pour nous. Beaucoup d’affaires se résolvent dans le temps. Il n’y a pas eu de concordance d’empreintes ou d’ADN, parce que la personne n’était pas fichée jusque là, et un jour, elle va être contrôlée pour tout autre chose. Ses empreintes seront entrées au fichier et on s’apercevra, qu’elles correspondent à des affaires non résolues, qui du coup trouveront leur solution».

La prescription pour les délits est de 5 ans, et de 10 ans pour les crimes. « En France, nous n’avons pas de fichier systématique de l’ADN pour le respect des libertés, mais du coup, nous avons 10 ans de retard sur la Grande-Bretagne. C’est un choix éthique et politique ».

 

 

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