Saulxures-sur-Moselotte – 250 manifestants pour défendre le lycée !

Entre les entreprises qui trouvent cette décision vraiment incohérente, les élus qui ne comprennent pas et les profs qui se sentent trahis, les élèves ont trouvé une résonance. Leur colère trouve un écho localement, mais pas à la Région !

Ils étaient environ 250, dont les maires des communes voisines, ceints de l’écharpe tricolore officielle, pour protester contre la menace qui pèse sur le lycée professionnel de la Haute-Moselotte ! Même les anciens élèves avaient fait un effort pour venir soutenir les petits derniers en formation.

Mobilisation responsable

« Les élèves ont mené leur protestation de manière responsable, témoigne un professeur. Il n’y a eu aucune dégradation, aucune violence. Nous sommes fiers de la manière dont ils ont géré leur mouvement ! Ce sont nos élèves mais vos enfants, ils ont besoin de votre soutien !».

Des trajets incohérents

Bien sûr, ce n’est pas la fermeture qui est annoncée, mais ça ne trompe personne ici. « On nous dit que la plateforme technologique est maintenue, mais un élève du Thillot, quand il ira à la plateforme, aura 3h de bus dans la journée. Comment rester motivés par cette formation dans ces conditions ? ».

Une formation adaptée aux besoins des entreprises

« C’est mal barré ! », commente Daniel Germain, un entrepreneur scieur, dont le père a été à l’origine de la création de cette formation.  « On a besoin de techniciens bien formés sur des machines à commandes numériques et le lycée offrait une formation pertinente en phase avec les besoins des entreprises et à la pointe de la technique. On n’a pas besoin d’ingénieurs ! ».

Noyés dans la masse

Marie-Cécile Legain, professeur de français explique qu’en rejoignant le lycée Malraux, ces élèves se sentiront « noyés » : « Géographiquement, on a un vivier et des profils d’élèves qui ont besoin de suivi. En tant que professeur d’un lycée à dimension humaine, nous pouvions les accompagner, les motiver, les aider à s’insérer dans la vie et dans les entreprises”.

On va les oublier !

“Dans un établissement important comme le lycée Malraux, on va les oublier ! Ces élèves-là ont besoin d’un contact, d’être écoutés et entendus, et là-bas, les formations professionnelles ne seront pas prioritaires. Elles devront suivre le mouvement. C’est un gros risque ! ».

 Veut-on faire de la montagne, un desert ?

Les élus des communes avoisinantes étaient au rendez-vous. Les maires de Cornimont, Menil, Ferdrupt, Saulxures, Thiefosse, Ventron… Ceux qui n’avaient pas pu se déplacer ont assuré les professeurs de leur soutien. « On est ici au cœur des métiers du bois, veut-on faire de la montagne, un désert en lui enlevant ses formations ? Nous partageons les interrogations des élèves et professeurs. On n’évolue pas dans le sens d’une valorisation de la filière bois, contrairement à ce que dit la Région ! Le développement passe par les entreprises et ces entreprises attendent des salariés formés », proteste Madame Barranger, maire de Saulxures-sur-Moselotte.

Nos élèves ont du travail

« Le bois, c’est le matériau n°1 et l’avenir de la Région. Les élèves qui sortent de ces formations ont du travail. Il y a plus de postes offerts que de candidats. C’est vraiment incompréhensible », insiste Michel Dupré, professeur de scierie, qui confirme, tableaux à l’appui que depuis 1977, 70% des élèves formés ont trouvé un travail. La scierie locale emploie 16 salariés issus de cette formation.

Plutôt booster le recrutement

Il n’y a que 4 formations « scierie » en France et celle de Saulxures englobe les Alpes, le Jura jusqu’au Nord. « Est-ce qu’on se pose les bonnes questions interroge Michel Dupré. S’il n’y a pas assez d’élèves, c’est aussi parce qu’on les décourage d’entrer dans cette formation ». Et de citer des exemples de futurs élèves à qui on avait dit que cette formation n’existait plus. « Mobilisons-nous plutôt pour faire venir des élèves et booster le recrutement ! Sans oublier que la formation continue constitue un autre potentiel qui pourrait être valorisé ».

Les scieurs prêts à mobiliser la profession

Les scieurs se disent prêts à mobiliser la profession et à aller voir le ministre. « Préfère-t-on qu’ils sortent d’une première année de Fac au chômage ? Chez nous, ils ont du travail !».

Trahis !

« On nous a dit qu’on était le Pôle Bois de Lorraine. On y a cru. On a rempli notre mission et on se sent trahis ! »

Les manifestants ont prévu de rencontrer le proviseur du Lycée Malraux pour qu’il explique comment il voit les choses. Ils organisent un déplacement à l’Hôtel de région à Metz le 31 janvier et Jean-Pierre Massseret devrait aussi les rencontrer début février. Les élèves ne baissent pas les bras !

On démantèle la filière bois alors qu’on parle de la valoriser !

Guy Vaxelaire, conseiller général du secteur, est monté au créneau ce matin, profitant d’une présentation du Pacte lorrain, pour dire sa colère et sa rébellion. “Alors qu’on parle de valoriser la filière bois, on la démantèle ! “, s’insurge-t-il. Ce à quoi Jean-Pierre Masseret, président de région,  répond que l’intérêt local ne coïncide pas avec l’intérêt collectif et que la pression ne fera changer d’avis ni le rectorat ni la Région !

Des Pôles et des déserts ?

Visiblement deux visions de l’avenir s’affrontent au moment des élections, avec d’un coté la Région qui prévoit de regrouper et de donner des moyens à plusieurs gros Pôles d’excellence et d’autre part, les communes qui ne veulent pas devenir des déserts et défendent le droit à la formation, au travail  et aux services à proximité.

 

 

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