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Vincent Munier – L’instinct en noir et blanc

Vincent Munier fait la Une du village de Noël. Ses prédateurs trônent à la Chipotte dans une blancheur désincarnée, majestueux et impressionnants. A la galerie du Bailly, c’est une nature épurée presque stylisée qui prend possession de l’espace.  La splendeur des grands espaces livrée par le prisme de ses émotions. Échanges.

Qui êtes-vous ? Comment vous définiriez-vous ? Qu’est-ce qui vous fait fonctionner, vibrer ? Je suis photographe professionnel, spécialisé dans la nature sauvage. L’influence de mon père, naturaliste, a guidé mes choix photographiques, et mes racines vosgiennes sont sans doute à la source de mon attrait pour le froid, les brumes, la nuit polaire, le silence…

– Qu’est-ce qui a déclenché cette passion ?
Des promenades avec mon père en forêt, quand j’étais gamin : à son contact et avec ses amis naturalistes, j’ai appris à reconnaître les plantes, les arbres, les animaux. Et puis un jour, il m’a prêté un appareil photo et m’a laissé dormir une nuit tout seul en forêt, quand j’avais 12 ans. Ca a été le début de ma passion pour la photo !

Espaces vierges

– Qu’est-ce que vous cherchez dans cette quête des déserts et lieux non souillés par la civilisation ? Le graal ?
Je cherche à passer des moments dans la nature et à vivre des émotions fortes, en espérant voir des animaux. Chaque sortie dehors est différente, mais il est vrai que les lieux éloignés sont souvent plus sauvages : ils m’attirent pour cela.

– Pourquoi au milieu de nulle part ? Parce que les confins m’ont toujours fasciné : les hommes y sont rares et des animaux y survivent dans l’ignorance de la civilisation, parfois dans des conditions extrêmes. Je pense qu’il est important de les photographier, pour révéler leur beauté, mais aussi leur situation fragile – en particulier celle des grands prédateurs, comme l’ours ou le loup, avec lesquels nos sociétés ont des relations complexes.

Un autre temps

– Pourquoi avez-vous besoin de « mériter »  vos Photos ?
Je ne réalise pas que des images dans des milieux difficiles ! Il m’arrive aussi de faire des photos près de chez moi ! A l’extérieur, on ne peut rien prévoir : les animaux, la météo et la lumière sont imprévisibles et c’est cela qui est intéressant. Mais c’est vrai qu’en voyage, j’aime bien me mesurer aux éléments. Je ne saurais pas expliquer pourquoi j’aime le Grand Nord, mais je crois qu’il a un pouvoir d’attraction sur beaucoup d’entre nous !

– Qu’est ce qui vous fait fuir la civilisation ?
Une envie de respirer et de prendre mon temps, dans une société souvent rude, qui zappe tout très vite.

– Est-ce une forme de positionnement par rapport à la société de consommation ?
Oui, on peut dire ça.

L’intensité sous toutes ses formes

– C’est une forme de quête de jouissance ?
C’est surtout une quête de connaissance de soi et de nouveaux défis. La photographie me permet de partager avec les autres et d’ouvrir cette quête, au départ solitaire.

– Vous courez après quoi ?
Des observations et des moments enrichissants !

– Vous marchez à l’émotion ?
Oui, à l’émotion et à l’instinct.

Proximité

– Que représentent ces prédateurs pour vous ?
Les grands prédateurs, comme l’ours, le loup ou les félins, sont des animaux stupéfiants par l’ingéniosité dont ils font preuve pour survivre, par leur résistance et par la proximité entre leurs structures familiales et les nôtres. Leur histoire et leur relation avec l’homme me passionnent depuis l’enfance.

– Vous ressentez quoi quand vous êtes à l’affut ? Vous devenez chasseur, prédateur ?
La photo peut être comparée à une forme de chasse, mais j’essaie surtout de me rendre invisible pour ne pas perturber le comportement de l’animal. Je ressens de l’adrénaline et, en général, de la joie !

Pureté

– Le blanc, ca représente quoi ?
Une forme de pureté et de beauté. La neige peut rendre n’importe quel paysage magnifique, à mes yeux. Et à partir du blanc, tout est possible.

– Vos photos à la Chipotte ont une forme de majesté mais aussi de froideur … C’est un choix épuré, mais presque désincarné. Vous vivez ailleurs ?
C’est une interprétation de mes photos ! Chacun a la sienne. Je vis les instants que je photographie sur le terrain, donc je ne suis pas hors de cet univers. J’espère que mes images sont habitées et qu’on y reconnaît un point de vue singulier.

Regards

– Comment expliquez-vous ce besoin d’isoler le sujet ?
Cette tendance est probablement liée à mon attrait pour l’esthétique japonaise des estampes, de la calligraphie et de la conception zen de l’espace. Montrer l’animal seul au milieu de son environnement est aussi un moyen de révéler sa force ou sa fragilité.

– C’est une relation au monde que vous photographiez ?
Oui, c’est une belle définition de la démarche photographique !

– Qu’est-ce que vous tirez de vos aventures ?
Toutes les émotions possibles et imaginables, mais aussi des leçons de vie sur la relation entre l’homme et la nature, notamment.

Contrastes

– Votre vie est sans cesse en décalage. Les grandes aventures, la difficulté des conditions, l’isolement, l’attente … et puis le quotidien, le monde, la course contre la montre… Vous gérez ca avec aisance ? Ce décalage, ce vécu n’appartient qu’à quelques-uns, il vous isole …
Je vis effectivement des moments très différents dans l’année, mais cela fait partie d’un tout : le métier de photographe implique d’aller sur le terrain et de se retrouver assis derrière un bureau à un autre moment. J’apprends à gérer tout cela, mais je ne me sens pas isolé : plutôt chanceux de pouvoir faire ce qu’il me plaît !

Contacts

– Le contact avec le public ?
Ce contact est très important pour moi et précieux. Il me permet d’avancer.

– Cette exposition à Épinal dans le cadre du village de Noel, qu’est-ce que ça signifie pour vous ?
C’est un beau rendez-vous avec le public de chez moi, une façon de maintenir le lien !

– Vous en vivez ?
Oui.

 

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