Adolescents difficiles – Comment les accompagner ?
Il y a l’adolescent en rebellion, qui refusent les systèmes, juste pour trouver sa place dans l’organisation de la société. Mais parfois, ça dérape et le parcours de l’ado se complique en passant par la case désintoxication, tribunal ou consultation psychiatrique. Les phénomènes de violence, de harcèlement ou de suicide sont devenus un véritable problème de société. Nombre de passages à l’acte ou de gestes identifiés comme des provocations ne sont que des tentatives de survie, on le sait mais comment les prévenir ? Qu’est-ce qui les provoque ? Un problème d’autorité ? Une réponse inadaptée des systèmes d’éducation ? Des modèles et des repères qui ne sont plus clairs ?
Des vides dans la construction de leur personnalité
Hervé Reiss y répond par l’hypothèse développementale. Les jeunes se construisent par l’expérimentation. Beaucoup de ces jeunes qui dérapent ou sont en souffrance, ont vécu l’abandon, la dépréciation … Ils ont appris à faire face seul à l’adversité. Un enfant « aux émotions sociales empêchées » ne se rend pas compte des effets de ses coups sur ses camarades. Il sauvegarde son intégrité et a coupé le lien avec ce que les autres peuvent ressentir.
L’empathie, une clé
Il y a de tels vides dans leur construction, que ces ados peuvent être amenés à les combler par des ersatz quand ça ne devient plus supportable (alcool, stupéfiants, tabac, prises de risques ou transgression, juste pour sentir qu’ils existent. « C’est l’empathie qui peut inverser cette dégringolade, insiste Hervé Reiss, en rencontrant quelqu’un qui croit en eux. Chacun dans sa vie a rencontré à un moment ce genre de personne qui crée le déclic, dont on dira plus tard « c’est cette personne qui m’a ouverte à la confiance en moi ».
L’effet désastreux de « la juste distance »
L’importance de la bonne posture, de la bonne phrase au bon moment, l’importance de la relation vraie, de l’empathie, de l’échange chaleureux avec une dimension affective, est nécessaire pour accompagner quelqu’un en difficulté. Hervé Reiss dénonce la violence de l’institution et les conséquences terribles de la juste distance : « je ne suis pas là pour t’aimer ».
Mettre des mots sur les ressentis
Pour se construire, l’individu doit être en mesure de dégager un certain espace sur le disque dur de son cerveau, remettre en question certains savoirs pour en acquérir de nouveaux. Mais tout nouvel apprentissage représente un danger pour ces jeunes dont l’équilibre est précaire. Ils peuvent les éviter. La vie apporte suffisamment de confrontations. Les frustrations sont quotidiennes. C’est l’empathie qui devient la clé du développement du cerveau et qui va lui permettre de gérer ses émotions. La relation de chaleur aide l’adolescent. Il faut l’aider à mettre des mots sur ce qu’il vit et ressent.
Inciter l’ado à penser
L’éducation par l’autorité ne marche plus. La société a évolué et modifié la cellule familiale. La cellule familiale fermée n’existe plus. La place des femmes qui travaillent et sortent de l’environnement familial, la contraception et l’avortement ont changé la donne. Avant, le père était le seul à sortir de la cellule, ce n’est plus le cas aujourd’hui et l’apprentissage basé sur l’autorité ne marche plus. Il faut inciter les adolescents à penser plutôt qu’à obéir.
Les compétences sociales et relationnelles ne sont pas enseignées
Écouter pour comprendre
Il y a peu d’endroits où l’on écoute pour comprendre. On écoute plutôt pour contre-attaquer. Dans les débats télévisés, c’est flagrant. »Les jeunes ont des choses à dire. Il faut peut-être trouver d’autres moyens d’expression. On les a déresponsabilisés », remarque une participante. Il est peut-être nécessaire de leur redonner des espaces et des responsabilités en les accompagnant. Plus facile à dire qu’à faire … mais chacun peut y contribuer.