Agriculture – “Les prix nous tuent, la sécheresse va nous achever !”

Ce matin, les agriculteurs faisaient le point des récoltes de céréales et en herbe. “Une première coupe plus que satisfaisante, mais après plus rien !“, annonce Jérôme Mathieu, président de la Chambre d’agriculture. Les 2e et 3e coupe sont inexistantes. Les fortes chaleurs mettent en péril le maïs en pleine floraison, qui a besoin de beaucoup d’eau. Les prairies sont grillées et il faut déjà nourrir le bétail. Une situation qui vient compliquer un bilan déjà catastrophique.

Ils n’ont plus vraiment le sourire ces agriculteurs qui essaient depuis des mois d’expliquer qu’ils sont en train de mourir ! “La sécheresse, on a l’habitude de la gérer, explique Philippe Clément, président de la FDSEA, on vit avec les conditions météorologiques, mais aujourd’hui, notre pérocupation, ce sont les prix ! La sécheresse vient aggraver la situation. Quand 30 ans après, on a les mêmes prix de vente, il y a quelque chose qui ne fonctionne pas ! Aucun métier n’a gardé les prix d’il y a 30 ans ! On est au bout d’un système et il va falloir trouver des solutions !”.

Sans pluie, le maïs ne répondra pas aux besoins

L’orge qui a été récolté très tôt, a un rendement qualité et quantité satisfaisant. Le colza et le blé suivent également, même s’il y a une interrogation sur la qualité des variétés plus tardives. Mais les pâtures sont grillées et il faut déjà compléter l’alimentation du bétail avec du fourrage. Or les stocks constitués lors de la 1ère coupe risquent de ne pas suffire et le maïs, qui est actuellement en pleine floraison et a besoin de beaucoup d’eau, ne permettra pas de suivre les besoins s’il ne pleut pas dans les dix jours qui viennent. Or, ce sont de grosses chaleurs qui sont annoncées.

Les élevages sont touchés

Quant aux fruits, les arbres sont chargés, mais du fait du manque d’eau, les fruits seront petits. Par contre, pour les abeilles, ça va bien, les miels seront au niveau !”, poursuit Jérôme Mathieu. La morale de cette histoire, c’est que la sécheresse impacte surtout les élevages !!! … et particulièrement les systèmes 100% herbe. “Un nouveau coup sur la tête !”. Le maïs constitue la base de l’alimentation des troupeaux, en particuliers des vaches laitières. Les éleveurs devront donc puiser dans leurs réserves d’hiver ou acheter de la nourriture énergétique et les prix vont flamber, puisque la demande est forte.

Une alimentation plus chère pour un volume de lait qui baisse

Lorsque les températures dépassent 30°C, la production de lait baisse de 15%. Les éleveurs estiment la perte de 3 à 7kg de lait par vache et par jour, donc une augmentation des coûts alimentaires de 20€ /1000l. La canicule provoque aussi du stress, une fragilité et des avortements. Donc des frais de soins et de vétérinaire. “Quand on voit qu’un litre de lait est moins cher qu’un litre d’eau de Vittel en grande surface, c’est révoltant ! Le travail n’est pas le même, il va falloir que la société en prenne conscience !  s’insurge Jean-Paul Fontaine, président des Jeunes Agriculteurs. Une belle moisson, ça fait plaisir, mais quand vous rentrez et que vous trouvez les factures à payer, ce n’est plus possible ! On est saigné !”.

Que les gens du voyage ne touchent pas à l’herbe !

Thierry et Sandra Mathis du Gaec de Chenimont ne peuvent qu’acquiescer. “On n’y arrive plus et on ne sait pas avec quoi on va acheter les compléments alimentaires ou le fourrage”. D’après une simulation, les revenus 2015 ont baissé de 20% à 60% en 2015. 22 000 à 25 000 exploitations sont en dépôt de bilan. “A un moment, ça va cogner fort, c’est l’instant de survie !”, prédisent-ils  en expliquant qu’il ne sèmeront sûrement pas des cultures après moisson en sachant que ça ne poussera pas et qu’ils n’accepteront pas non plus que le peu d’herbe qu’il reste soit détruit par des gens du voyage !

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