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Du poil à gratter – Radars : Les raisons de la colère

L’’immense majorité des automobilistes ont pris conscience de la nécessité de respecter les règles de sécurité routière. En 20 ans, la circulation a augmenté de 80%, mais le nombre de morts sur nos routes a diminué de moitié. La principale cause de mortalité sur la route n’est pas la vitesse, mais l’alcool. Si les cas d’alcoolémie représentent 3% des contrôles, ils sont la cause de 35% des accidents mortels.

Curieusement, il n’existe aucune étude française quantifiant la corrélation entre le taux d’alcoolémie et une vitesse excessive. Et pourtant, une statistique canadienne démontre que, dans 1 cas sur 3 où la vitesse est en cause lors d’un accident, le conducteur a un taux d’alcoolémie positif. Ce qui signifie qu’un tiers des accidents attribués à la vitesse sont en réalité dus à l’alcool.

Les radars ont proliféré

Cela aurait dû amener à un fort renforcement de la lutte contre l’alcool au volant. Si les contrôles ont augmenté de 22% en 10 ans, le nombre de radars automatiques a lui connu une croissance de 751% durant la même période … Le problème du radar automatique, c’est qu’il est considéré par beaucoup de conducteurs comme une machine à sous, outil d’une répression aveugle dénué de tout discernement. Si être arrêté par les Forces de l’ordre juste après avoir commis une faute de conduite peut inciter à une plus grande prudence, quelle pédagogie y a-t-il a recevoir un PV une dizaine de jours après un petit dépassement de quelques km/h, dont on ne se souvient plus ?

Pas d’indulgence pour les petits dépassements

Il faut dire qu’en verbalisant systématiquement les automobilistes pour ces petits dépassements de vitesse, les radars contribuent à des retraits de permis pour des conducteurs n’ayant pas commis de faute grave. Une sanction qui semble bien disproportionnée… Le député Alain Chrétien a soumis une proposition de loi visant à instituer davantage de mansuétude pour les excès de vitesse inférieurs à 10 km/h. Il n’a malheureusement pas été entendu par le premier ministre, pour qui, cette attitude serait un signe de faiblesse.

Un impact qui s’émousse avec le temps

A en croire ce dernier, les radars seraient la principale cause de la baisse de la mortalité sur les routes. Or, une étude de Sébastien Roux et Philippe Zamora, chercheurs à l’INSEE datant de 2013, démontre que, si les radars automatiques permettent effectivement de diminuer un peu le nombre de morts sur la route lors de leur installation, ils n’ont qu’un impact extrêmement limité voire nul sur le long terme. En Angleterre, après une expérimentation en 2009 dans la ville de Swindon, le gouvernement britannique a désactivé 59% des radars automatiques en service sur les routes anglaises. Cela n’a eu visiblement aucun impact sur la mortalité routière…

Plus de kilomètres et moins d’accidents

Les excès de vitesse supérieurs à 150 Km/h ne représentent plus que 2% des délits. Cela signifie que, sur autoroute, 98% des automobilistes roulent à moins de 150Km/h. En 2012, les excès de vitesse n’étaient en cause que dans 15,7% des accidents mortels, soit une réduction de moitié en quinze ans. La mortalité sur autoroute a ainsi baissé de 53%, alors que le nombre de kilomètres parcourus a été multiplié par 4,5.

Les radars, cause indirecte de la perte de vigilance

De même, 40% des accidents mortels sur les autoroutes ne sont pas dûs à la vitesse, mais au manque de vigilance. Il faut dire que, curieusement, ce sont la limitation de vitesse et le nombre croissant de radars, qui sont indirectement à l’origine de ces accidents, en incitant les automobilistes à utiliser leur régulateur ou leur limiteur de vitesse à outrance. Si l’on en croit une étude réalisée par le Centre d’investigations neurocognitives et neurophysiologiques (Ci2N) de l’Université de Strasbourg, ces outils favorisent fortement les pertes de vigilance et peuvent constituer une source accidentogène.

Des alarmes contre l’endormissement au volant

Alors des constructeurs allemands et suédois ont mis au point des systèmes d’avertissement en cas d’endormissement au volant, systèmes que l’on trouve en série sur certains de leurs véhicules, on s’étonnera que le gouvernement français n’ait pas incité les marques nationales à en faire autant.

Rien pour faciliter le ferroutage

La prévention doit être globale. Il est choquant de voir que rien n’est fait pour faciliter le ferroutage des 4,7 millions de camions en transit qui traversent chaque année notre pays sans s’y arrêter, utilisant le réseau autoroutier pour la plupart, alors que les poids lourds sont impliqués dans 44% des décès sur ces mêmes autoroutes…

Une histoire de chiffres …

Malheureusement, les chiffres ont toujours le dernier mot et, la sécurité routière, la vraie, pèse bien peu face aux 4,2 milliards d’euros encaissés par l’état depuis 2003 grâce aux radars automatiques.

Brigitte Goldberg

 

 

 

 

 

 

 

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