Les Jeunes agriculteurs font leur marché
Installés samedi devant le marché d’Epinal, les jeunes agriculteurs faisaient déguster leurs produits, histoire de prouver que les saveurs vosgiennes le valent bien !
Il faisait froid samedi. La piquée vous guettait, mais sous la tente des jeunes agriculteurs, des signaux de fumée se mêlaient aux odeurs alléchantes de viandes grillées et crêpes chaudes. Le chaland appâté, on lui tend une coupe et un pic pour embrocher les petits cubes de munster ! L’ambiance est un peu bourrue, mais conviviale, on vous laisse déguster… Evidemment, ici, pas de saveur aseptisée. C’est le direct de la ferme !
De quoi vous faire regretter de faire vos courses en grandes surfaces et vous rappeler le plaisir des produits goûteux ! Et que peut-être cela vaut la peine de perdre quelques heures pour aller chercher de la viande, des légumes, du fromage, des jus et des terrines qui ont un vrai goût du terroir…
Parler avenir
« Une matinée de sensibilisation pour rappeler au grand public qu’on peut manger goûteux avec des produits des Vosges et que nous sommes là, jeunes agriculteurs pour les produire, lance Jean-Paul Fontaine, agriculteur viandes et céréales à Frain. On voulait profiter de cette rencontre avec les habitants pour discuter de l’avenir ». Sous la tente, quelques spécimens de la ferme bien vivants.
Un avenir qui ne s’annonce pas simple avec la remise en cause du système de subventions de la PAC ou la suppression des quotas laitiers. Des exploitations risquent d’en pâtir. « Il va falloir partager le même gâteau sans tenir compte des productions».
Traçabilité pointue
Des fermes de taille moyenne arrivaient à faire vivre plusieurs familles, est-ce que ça sera encore le cas ?
Il était également important d’opposer une image de professionnels passionnés et responsables au scandale de la viande de cheval dans les lasagnes, qui, même si les Vosges ne sont pas concernées, est présent dans les esprits. « Les gens font bien la différence, temporise Jean-Paul Fontaine. En France, on a depuis la vache folle, la traçabilité la plus pointue d’Europe, on peut tout retrouver. L’opinion publique l’a bien compris ».
Circuits courts ? pas suffisants !
Certaines collectivités ont choisi de favoriser les circuits courts. « Une initiative qui coûte beaucoup d’argent mais ne révolutionne pas le système, estime Jean-Paul Fontaine. Localement, les débouchés sont modérés. Les gens veulent des prix et pouvoir faire toutes leurs courses au même endroit. Les magasins de vente directe ne marchent pas très bien. Je ne crois pas que ça changera. Avec ces habitudes d’achats, les consommateurs nous obligent à passer par la grande distribution, qui impose des prix d’achat très bas et prend des marges importantes. Je ne vois pas comment nous pourrions changer ça ».
Transferts de savoir faire
Autre préoccupation, 65% des agriculteurs actifs dans les Vosges partiront à la retraite d’ici 10 ans. Il faut préparer la relève et le transfert de compétences. « Sinon on court le risque que des holdings deviennent propriétaires et gère les terres », dramatise le jeune agriculteur. Pour contrebalancer ces extrêmes, les JA communiquent sensibilisent et éduquent, mais le changement prend du temps.
