L’Alsace -Lorraine, ils y vont !

Lors d’une conférence de presse à Winger-sur-Moder (Bas Rhin) vendredi, les présidents des régions Lorraine et Alsace,  Jean-Pierre Masseret (PS)  et Philippe Richert (UMP) se disaient prêts à travailler au rapprochement de leurs collectivités, pour répondre aux enjeux de l’avenir. Un projet qu’ils estiment «cohérent». “Le massif vosgien nous est commun” assure Jean-Pierre Masseret. Interview.

– L’Alsace-Lorraine est-ce la taille critique ? Seulement 4,1 millions d’habitants …
– Réorganiser nos collectivités pour que les régions soient plus fortes est une priorité. 4,1 millions d’habitants, ce n’est déjà pas mal ! C’est supérieur à la moyenne des autres régions. Ce sont les outils d’intervention, les compétences et les moyens donnés qui comptent.  La lorraine a 400€ par habitant par an, c’est 10 fois moins que l’Allemagne ou l’Autriche. Wurtemberg a 48 milliards d’€ de budget, la Lorraine a tout juste 800 millions d’€. L’Alsace-Lorraine est le périmètre que le gouvernement nous désigne et nous allons travailler à partir de cette échelle.

– La CGPME veut y ajouter la Champagne Ardenne

– Si on nous ajoute la Champagne Ardenne, on prendra, mais pour l’instant, on commence par travailler avec l’Alsace. On a des Pôles de compétitivité avec l’Alsace et on en a aussi avec la Champagne Ardenne, mais on continuera à travailler ensemble par convention comme auparavant. Le rapprochement de l’Alsace et la Lorraine, ce n’est pas une perte d’identité pour les territoires. Les identités de chacune subsisteront. Le vin d’Alsace restera le vin d’Alsace et la mirabelle, le symbole de la Lorraine. On parle d’une fusion des Conseil généraux, pas d’une disparition des territoires !

– L’Alsace a déjà beaucoup innové, est-ce que la Lorraine ne va pas paraître un peu lourde avec ses problématiques ?

– L’Alsace a des atouts, La Lorraine en a d’autres, la formation et les stratégies jeunes par exemple. Nous allons comparer et mettre en place des groupes de travail. On ne perdra pas non plus la proximité. C’est l’organisation qui fait la proximité, pas la structure ! Il faut cesser d’agiter les peurs. Il restera des relais locaux qui assureront la proximité et on va travailler en respectant les réalités territoriales. Avec l’Alsace, on a déjà des stratégies communes sur les transports. On peut aussi devenir rapidement très percutants pour la transition énergétique et l’énergie renouvelable.

– Quels sont les écueils à éviter ?

– Ce n’est pas simple. La fusion est un défi. Il va falloir organiser les services. Il ne s’agit pas d’une rupture avec ce qui existe. Les choses s’organiseront progressivement. C’est une construction dans le temps. Le temps politique est long, mais les gens sont impatients. Il faut surtout éviter le corporatisme des élus, le repli sur soi. Ce pays crève des postures politiciennes et des oppositions de blocs politiques fortement entretenus. Il s’agit simplement de trouver des rapprochements, des synergies, des filières de développement. On va gagner en cohérence.

– Concrètement, quel sera l’impact pour les habitants dans leur vie ? Et en termes de suppression de postes ?

– Ça ne va pas révolutionner leur vie d’un claquement de doigts. Ce sera simplement des moyens supérieurs qui permettront d’améliorer leurs transports, leur formation, créer plus de richesses. Cet ensemble de régions va donner des moyens pour dégager des parts dans la compétition mondiale.

– Donc il faut y aller ?

Ce qu’on propose, c’est une réponse aux enjeux du XXIe siècle. On refond l’organisation des territoires pour nos petits enfants. Rester sur son pré carré, c’est la mort assurée. En se rapprochant, on se donne des outils pour mieux aborder les mutations de l’avenir, pour mieux se situer dans un monde qui évolue presque plus vite que nos capacités à l’analyser. On anticipe et on construit pour demain.

– Comment vous allez l’expliquer aux acteurs et aux habitants ?

– Nous allons organiser des réunions citoyennes pour expliquer tout ça. Il faut que les gens comprennent que c’est l’avenir des générations futures qui est en jeu.