Les vosgiens qui comptent – Julien Pierrat, la coopérative pour travailler autrement

Nommé à 30 ans à la tête de la SCAB, coopérative du bois à Thaon-les-Vosges, Julien Pierrat en est un des artisans de la première heure. Il y œuvre depuis sa création en 2008. Issu de la grande distribution, il aspirait à un métier davantage tourné vers l’humain. Dossier en partenariat avec La Semaine (www.lasemaine.fr)

« Une coopérative c’est avant tout un état d’esprit, le sens du partage et du service » précise-t-il. On ne vient pas y trouver un énième fournisseur, on n’est pas client, mais adhérent, et ça change tout ! »

L’équité domine

Ici, c’est le principe de l’équité qui domine : le même droit d’entrée pour tous, un tarif unique quel que soit le volume d’achat, l’assurance d’être conseillé, accompagné et formé. La coopérative offre aussi le partage d’expériences avec d’autres artisans. « Les adhérents voient leurs structures se développer quand ils jouent le jeu de la coopérative », s’enthousiasme Julien Pierrat.

Le service prime sur la marge

Malgré une conjoncture compliquée, la jeune coopérative connait une croissance que d’autres envieraient. « Et cela devrait continuer les prochaines années », prévoit le gérant. On ne pilote pas une coopérative comme une entreprise classique. Le service prime sur la marge. Pour croitre, il faut réfléchir posément à l’impact de l’entrée de nouveaux adhérents. C’est plus de stocks, plus de livraisons… C’est une décision qui se prend collectivement et ce sont les quelques 105 adhérents qui en décident.

Un homme, une voix

C’est le principe de base de toute coopérative. Ici, chaque adhérent représente une voix lors des votes au Conseil d’administration. Prendre des décisions en commun, change nécessairement les rapports avec les artisans. De concurrents, on devient collègues !

Mutualiser les achats

Pour un artisan, les achats représentent 20 à 25 % de son temps de travail, c’est énorme ! D’où l’idée d’externaliser tout ou partie de cette fonction à la coopérative, dont le métier est d’acheter au meilleur coût les produits stratégiques. Il y a des couvreurs, des plaquistes, des menuisiers, des charpentiers…

Pas d’incitation à l’achat

Mais c’est aussi mutualiser des tâches administratives, telles que la bureautique, l’informatique, A l’opposé de la grande distribution, la coopérative ne pousse pas à la consommation. « C’est une grande satisfaction, reconnait Julien Pierrat, ici pas de promotions, ni d’incitation à l’achat ! ».

Un pilotage partagé

La mission de Julien Pierrat est aussi de manager les 16 personnes qui travaillent au sein de la SCAB, gérer la fluidité des relations entre les membres du conseil d’administration, même si les adhérents ont toute latitude pour prendre les décisions clé. C’est un fonctionnement participatif, où les commissions ont pour mission de définir les conditions d’une gestion performante, de trouver des solutions innovantes et d’apporter de véritables outils, comme la formation à la vente, surtout en période de récession.

Plus d’isolement du chef d’entreprise

Un vrai travail d’équipe, que les artisans ne connaissent que rarement, reconnait Julien Pierrat, ici on rompt l’isolement du chef d’entreprise qui travaille seul dans son coin.

Marie Terrier