Il visite, il visite le préfet, pour prendre le pouls de l’artisanat vosgien. Gilbert Payet s’est rendu vendredi, sur la zone Innova 3000 de Thaon-les-Vosges pour rencontrer 3 entreprises sur le terrain et parler avec elles de leur réalité économique.
Un circuit qui commence par quelques tuyaux industriels avec l’entreprise MTIS, atteint les sommets avec les compagnons couvreurs, qui œuvrent dans la charpente-zinguerie et termine avec une coopérative du bois la SCAB Vosges.
Avec un contexte économique en berne, s’en sortir pour les petites entreprises de l’artisanat nécessite de se diversifier. C’est ce qu’explique Stéphane Bulet-Hetrus, dirigeant des Compagnons couvreurs, qui a fait une demande de qualification pour intervenir sur le désamiantage. L’entreprise est en cours d’audit pour obtenir l’agrément nécessaire.
Diversification obligée
« On se bat et on essaie d’être sur tous les secteurs. Dans notre domaine, on a du boulot mais les prix sont tirés vers le bas. En début d’année, les entreprises ont tellement peur de ne pas remplir leur carnet de commandes, qu’elles cassent les prix », explique la chef d’entreprise. Il donne en exemple un marché sur lequel il s’est positionné pour 28 000€ et qui a été attribué à un entrepreneur pour 14 000€. Du simple au double ! « La matière première revient déjà à 10 000€, remarque-t-il et nous payons nos ouvriers. ».
Prix cassés
Toujours le même problème avec cette concurrence « déloyale » des auto entrepreneurs et des travailleurs étrangers …
Gilbert Payet rappelle le code des marchés qui permet d’éliminer les offres anormalement basses. « Un groupe de travail est à l’œuvre sur le problème des auto entrepreneurs, poursuit le préfet. Ses conclusions sont attendues pour l’été. Il est question de leur imposer de passer au bout de 3 ans d’existence à un statut du droit public. Quand on a créé le statut d’auto entrepreneur, on n’imaginait pas les dérives actuelles. Un très grand nombre de personnes se sont emparées de ce statut et l’ont utilisé au maximum. Elles menacent d’arrêter leur activité si on leur demande les charges supplémentaires d’un statut courant ». Et avec le nombre de chômeurs, impossible de ne pas y réfléchir à 2 fois…
Appliquer la loi française
Pour la main d’œuvre étrangère, le préfet incite les entreprises à signaler les pratiques qui ne semblent pas conformes à la loi française : « Ce n’est pas de la délation, mais simplement l’application de la loi française. Nos services s’efforcent d’intervenir chaque fois que nous sommes prévenus ».
Dispositifs d’aide
Faisant l’inventaire des dispositifs d’aides aux entreprises, qui cumulés peuvent diminuer de 60% le coût d’un nouveau salarié, le préfet a pu constater qu’il faudra encore informer les entreprises du crédit d’impôts et des avantages des nouveaux contrats, car bien peu ont eu le temps de se pencher sur la question.
Problème financier
Enfin, la SCAB fait son chemin. Structure coopérative, elle séduit de plus en plus. Sa formule participative « un homme, une voix », conforte ses 104 adhérents, qui lui confient de 10% à 85% de leurs approvisionnements. Et si cette centrale d’achats devient concurrente du négoce, c’est qu’« ils l’ont bien cherché en exagérant sur les prix », concluent les responsables. Avec des prix, des services (formation, web services) et un réseau de la filière bois, la SCAB intéresse aussi les secteurs frontaliers des Vosges. Mais elle se heurte à un problème financier. La coopérative dispose de peu de fonds propres et regrette que « leurs banques ne soient pas à la hauteur de leurs attente ».
