Menés par le Snupfen-Solidaires, syndicat majoritaires et la CGT forêt, les agents n’ont pas lâché ! Rassemblés devant l’ENSTIB, une cinquantaine de manifestants attendaient leur directeur de pied ferme. Ils avaient décidé qu’aujourd’hui, pas de dérobade possible, ils le rencontrerait pour lui dire leur façon de penser !
“3/4 de la forêt est privée, mais le 1/4 restant fournit à lui seul 40% des volumes fournis”, explique Frédéric Bedel, chef de service forêt et délégué Snupfen-Solidaires.
Une gestion plus industrielle que durable
Le programme national de la forêt et du bois (PNFB) prévoit une augmentation des volumes bois sans lien avec les capacités réelles des forêts, une augmentation des résineux et le développement massif du bois énergie pour répondre aux exigences de l’industrie.
Le bois énergie est un sous produit
Pour les manifestants, cette gestion industrielle déséquilibre la forêt et ses écosystèmes. “Les fonctions sociales et environnementales des écosystèmes forestiers sont sacrifiées sur l’autel du marché, protestent-ils. La filière doit être tournée vers le bois d’oeuvre (bois transformé pour l’ameublement et la construction) et pas utiliser seulement des résineux ! La filière pourrait devenir une filière reine avec le hêtre. Le bois énergie est un sous produit. Or, c’est bien dans le discours, mais pas dans les actes”.
Avec la privatisation, on va laisser faire n’importe quoi
La 2e crainte est que la forêt publique passe au privé et perde la garantie de gestion qu’est le code forestier. “C’est grave parce qu’on va laisser faire n’importe quoi”, s’inquiètent les manifestants. Depuis le début de la réforme en 2002, on totalise plus de 250 jours de grève. Il y a eu plein de ballons d’essai qui ont fait réagir les agents ! Mais il compte sur l’usure du temps. On devient plus défaitiste…”
Péripatéticiens grecs …
Ils avaient décidé d’intercepter leur directeur général “qui évite de rencontrer les personnels”. Une façon de contourner les conflits … “Je suis un péripatéticien grec”, affiche certains d’entre eux. Interpellant !!! “C’est comme ça que le directeur général nous désigne, explique une manifestante. Il reproche à nos plans de gestion de prendre en compte trop de facteurs comme la biodiversité ou le rôle social de la forêt. Il souhaiterait des plans plus simples, plus basiques“. Si on comprend la demande, le rapport avec les péripatéticiens grecs reste beaucoup plus obscur … traduit littéralement , c’est “Marcher autour “… Aristote complexifie les choses …
Le bastion cède
Le temps passe, et le directeur ne se présente pas. Il est évident qu’il a pris une autre entrée. les manifestants songent à entrer dans le campus. Mais ils voient surpris, le gardien barricader le portail avec une chaine à gros maillons. Dommage, les haies ne peuvent pas être cadenassées et les forestiers négocient un passage le long des branchages taillés. Mieux valait ouvrir, puisque tout le monde pouvait passer par le coté. Le bastion n’était plus défendu.
Le préfet à la rescousse …
Évidemment, la porte vitrée de l’amphithéâtre est fermée à clé mais cela ne retient pas longtemps les manifestants, qui font le tour par l’atelier de l’ENSTIB, pour venir frapper contre la porte et les rideaux de fer qui protègent l’amphithéâtre. L’antre où le directeur, Christian Dubreuil, s’est réfugié. Il faudra l’intervention du préfet pour l’inciter à rencontrer une délégation dans une salle sécurisée par la police armée de flashball. Les agents lui ont juste remis un discours humoristique d’allégeance et sont sortis dignement. Ils ne seront pas les guignols, ni les dindons de la farce, même si pour eux, c’est une journée de la Trumperie !
