Le préfet aux Restos du coeur !

Vendredi après-midi, le préfet était aux Restos du cœur. Il voulait mieux appréhender leur fonctionnement et discuter de cette réalité que les bénévoles rencontrent chaque jour de la semaine.

Guidé par Daniel Fimbry, président départemental des Restos du cœur et Jean-Pierre Pasquet, délégué national, le préfet, Gilbert Payet, a suivi le circuit des personnes accueillies. Il a commencé par la salle d’accueil, où l’on peut boire un café, un jus avec du pain et discuter avec les autres bénéficiaires et avec les bénévoles.

La honte d’en être réduit là

Un moment de lien social, de chaleur et d’humanité, “parce que pour chaque personne qui franchit la porte, c’est la honte d’en être réduit là ! Et même si ça peut arriver à n’importe qui, c’est toujours difficile d’accepter l’idée qu’on n’est plus capable de subvenir à ses besoins. Il faut un gros effort sur soi“.

Comme au supermarché

Chaque personne passe ensuite dans les différents rayons ou étalages comme au supermarché et peut choisir dans une catégorie de produits laitiers et épicerie, viande ou traiteur, fruits et légumes. Et c’est un gros travail pour les bénévoles d’essayer de faire oublier aux personnes qu’elles sont aidées. Elles choisissent et sont servies comme au supermarché !

Un vrai centre logistique

Cette visite est l’occasion de présenter au préfet, les missions des principaux membres actifs. Certains ont pris en charge le contrôle budgétaire, d’autres la formation, la gestion des manifestations pour collecter des fonds ou encore l’inspection des ventes dans les différents centres. Un vrai centre logistique ! Il y en  26 sur les Vosges, une centaine de bénévoles sur Épinal et 600 sur les Vosges. Certaines enseignes comme Carrefour, ont passé des conventions au niveau national pour l’ensemble de ces sites.

Donner un repas ne suffit pas !

Les restos insistent sur le rôle d’insertion qu’ils ont à jouer. « Donner des repas ne suffit pas, souligne Daniel Fimbry. On calme la faim mais après qu’est-ce qu’il se passe ? ».  Il faut également prendre en compte les problèmes de santé, les cancers parfois, les problèmes sociaux, l’accompagnement de la parentalité, ou les problèmes d’éducation scolaire (pour lesquels le Secours catholique a un excellent service).”Mais quand on est tombé si bas qu’il ne reste plus que les restos du cœur pour manger, on ne raisonne plus de la même façon. On est cassé ! »

L’emploi, clé de l’insertion

« Nous passons de l’alimentaire à la nutrition en apprenant à nos bénéficiaires, à accommoder les aliments et à équilibrer les repas. Les ateliers cuisine tournent très bien avec 5 à 6 personnes à chaque fois ».« Mais comment améliorer l’efficacité immédiate », interroge Gilbert Payet. La réponse ne se fait pas attendre : « Débloquez l’emploi ! A quoi ça sert de produire si les gens ne peuvent plus acheter ? », rétorque Daniel Fimbry.

90 familles par après-midi

« Les restos sont ouverts tous les jours de la semaine du lundi au vendredi, sauf le mercredi, explique Daniel Fimbry. Le matin, nous préparons, l’après-midi nous servons les bénéficiaires. Nous sommes livrés à flux tendus ». Mais avec 6 repas par semaine, c’est normal d’aller chercher un complément ailleurs. « On sent la précarité s’installer “, constatent encore les bénévoles qui accueillent 90 familles par après-midi pour 25 kg de nourriture. Pour les donateurs aussi.

47% ne reviennent pas la 2e année

7000 personnes sont suivies. 1/3 viennent du monde rural,.1/3 sont des personnes seules, 1/3 des familles monoparentales et 1/3 des couples.

« 47% des personnes accueillies ne reviennent pas l’année suivante, précise Daniel Fimbry. 18% ont de 2 à 3 ans d’anciennenté et s’ils passent 4 ans, ils sont là 8 ans plus tard. Ils sont inscrits dans la pauvreté et ont perdu tous les repères ». Les personnes qui sont vraiment très en difficulté sont aidées hiver comme été, mais ceux qui sont un peu au-dessus, ne sont bénéficiaires que pour la période d’hiver.

Accueil de journée

Autre coup de gueule du président, trouver des locaux adaptés à un accueil de jour en période hivernale. « Je suis écoeuré de la réponse de certaines mairies qui nous virent ou ne nous donnent pas de locaux corrects ! ». Pour les restos du cœur, ce que les bénévoles réalisent représente 7 M€ qui n’entrent pas dans les dépenses des centres d’action sociale. Une raison suffisante pour les aider plus et mieux.

Des engagements pluriannuels avec les collectivités

Le Centre de Thaon-les-Vosges a dû accueillir en urgence des réfugiés venant d’autres départements. « Nous avons une capacité d’écoute, mais plus de capacité d’action », déplore le président des restos, qui note qu’il va falloir également trouver une solution plus pérenne pour la subvention du Conseil général actuellement de 7000€. « Nous ne pouvons pas chaque année avoir une épée de Damoclès au-dessus de la tête. Il faudrait envisager un engagement pluriannuel ».

2 poids, 2 mesures ?

Odile Jacquot, évoque les 8 familles de l’Europe de l’Est logées à l’hôtel depuis plus d’un an et dans des conditions qui sont à peine correctes pour des familles avec enfants . « Ils ne peuvent pas cuisiner ce que les restos leur remettent et ils sont obligés de passer par le bar, alors que les familles arrivés de Metz ont eu tout de suite un appartement » . 2 poids , 2 mesures ? Le préfet a promis d’étudier la situation, tout en reconnaissant l’ambiguïté de ces situations où les familles sont accueillies, alors que le mot d’ordre est « pas d’émigration ! ».

Juste quelques dossiers par an

« On essaie de résoudre quelques situations quand il y a vraiment des efforts d’intégration, mais ce n’est que quelques dossiers dans l’année ». 90 places supplémentaires devraient être créées en CADA réparties sur plusieurs sites.

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