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Précocité – Ces enfants différents qu’on a du mal à comprendre !

Samedi après-midi, le docteur Olivier Revol a tenu son auditoire en haleine en racontant son expérience avec les enfants et les jeunes à haut potentiel. Malgré un QI supérieur, ils sont souvent en difficulté à l’école et présente des difficultés de comportement ou un mal-être. Être plus intelligent n’est pas forcément une chance, c’est une différence et ces enfants se sentent à part !

Les difficultés des enfants précoces dépendent de l’âge de l’enfant, mais elles sont repérables dès le plus jeune âge. Le bébé vous regarde droit dans les yeux dès les premiers jours. Il marchera tôt, maitrisera le langage très vite sans passer par le langage bébé, mais à cet âge-là, ça ne le perturbera pas encore. C’est plus tard, lors de l’apprentissage de la socialisation, que l’on rencontre ce que le Docteur Revol appelle le “syndrome de Kirikou.

Il veut tout faire tout seul

Comme dans le dessin animé, l’enfant est très malin. Il veut tout faire tout seul et n’accepte pas les consignes et les règles de la maison.Il choisit seul ses habits à 2 ans, ne supporte pas les étiquettes des vêtements et sait lire avant le CP. A l’école, il comprend tout plus rapidement et … il s’ennuie. Comme ça ne va pas assez vite pour lui, il risque de s’agiter. Ce sont des enfants qui ont la rage de réussir et qui veulent le contrôle. Quand ils le perdent, c’est la panique ! Il faut aussi que tout marche tout de suite. car ils n’ont pas de patience, ni de ténacité. Ils n’ont pas appris les étapes d’apprentissage. Et ils détestent la routine !

Pas les mêmes codes

Le début des vraies difficultés commencent avec l’arrivée en 6e, quand le groupe devient centre de la vie. L’enfant à haut potentiel ne partage pas les mêmes codes que les autres. Il ne s’intéresse pas aux habits, alors que le “look” est très important pour ses camarades. Il n’aime pas le foot à moins d’être goal, “parce qu’on une vue globale du jeu”. Les enfants précoces s’intéressent à des sujets philosophiques et existentiels, abordent des sujets qui ne semblent pas de son âge et vont jusqu’au bout.

Extra terrestres ?

Les enfants à haut potentiel pensent différemment, réagissent ou disent ce qu’on n’attend pas. ”Ils ont recours à la mémoire épisodique pour faire des comparaisons et des liens avec ce qu’ils ont déjà vécu. Ils font travailler des réseaux neuronaux plus étendus et activent sans doute davantage de zones du cortex : on parle de pensée en arborescence”, précise le Docteur Revol. Ils deviennent les vilains petits canards dont on se moque ou dont on se méfie, les extra terrestres que personne ne comprend très bien. “Ça ira mieux au lycée qu’au collège et en fac qu’au Lycée”, observe le conférencier.

Une sensibilité exacerbée

Arrivés à l’âge adulte, cette différence s’atténue. Ils se retrouvent en phase avec les autres et ces problèmes disparaissent. Mais avant d’y arriver, c’est le parcours du combattant. Ces enfants sont perfectionnistes, curieux et créatifs. Ils ont la rage de tout maîtriser et de parfaitement réussir. Mais leur sensibilité exacerbée amplifie tout à l’excès. Ils voient ce que les autres ne voient pas et cette claivoyance multiplie les sources d’angoisse.

Opposants par peur

Ils ont besoin d’un mentor, de quelqu’un qui a compris comment ils fonctionnent. A la question, “Qu’est-ce que tu veux faire ? “, l’enfant à haut potentiel vous répond, “En fait …” et ils énumèrent des métiers complexes et inhabituels. Ce sont des enfants qui veulent être premiers ou rien !  Chez certains d’entre eux, cette peur prendra des allures d’opposition aux enseignants et aux devoirs à rendre pour ne pas risquer d’être en échec, ou cette obligation de réussite peut se traduire par une appréhension paralysante qui rendra l’enfant peu performant.

Caméléons frustrés

D’autres s’enferment dans le déni de leurs capacités intellectuelles hors norme. Ils masquent ces capacités pour être accepté par les autres. Ils vont alors développer des capacités d’adaptation et devenir d’excellents caméléons, mais au prix d’une immense frustration, d’une pression intense et une difficulté. Ce sont des enfants qui vont  manquer d’assurance et d’estime de soi.

Je n’ai pas demandé à être comme ça !

“On m’amène souvent ces enfants pour des troubles du sommeil ou pour des conflits avec les parents.”, note Olivier Revol.  Ces enfants ont besoin de sentir qu’ils ont le contrôle, ils ont donc tendance à tenir très tôt tête aux adultes. Extrêmement créatifs, à la pensée divergente, ils peuvent sembler obstinés, être dans l’opposition ou être sarcastique. D’autres sont en colère et toujours sur la défensive pour se protéger. Ils en veulent aux adultes, à la société toute entière mais surtout à lui-même. “J’ai un don, je dois réussir sinon j’ai raté ma mission”. “J’ai pas demandé à être comme ça j’aimerais décrocher”.

1 à 2 par classe

300 à 500 000 enfants  seraient des enfants à haut potentiel. Ce qui fait 1 à 2 par classe, 2 garçons pour une fille. Tout prend plus d’importance, c’est blanc ou noir mais pour eux le gris n’existe pas. Ils ne sont pas bipôlaires. Ils voient juste ce que les autres ne voient pas et ça en fait des angoissés car ils projettent des conséquences. Tout est amplifié à l’absurde, exalté. Ces enfants ont de l’humour, de l’empathie, une hypersensibilité. Il faut les repérer vite, les rassurer parce qu’ils souffrent et adapter l’éducation et l’enseignement.

B.Boulay

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