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SCOT – Les villes de demain devront aller vers l’autonomie …

Nouvelle conférence du Scot qui réfléchit sur la ville et la campagne de demain avec Vincent Bertrand, géographe, maître de conférences, membre du LOTERR (Centre d’études et  de recherches sur les paysages), spécialiste TEPOS et Marc Benoît, Directeur de recherche à l’INRA à Mirecourt.

Après la concentration des années 50-60 en zone urbaine, l’évolution tend aujourd’hui vers la périphérie. Le couple Ville-Campagne s’organise autour de 2 critères, la concentration et l’accessibilité. “C’est la campagne qui alimente la ville en nourriture, énergie et matériaux. La ville organise les services, transforme, consomme, décide et s’étale”.

Plus de 100 000 personnes par an migrent des villes vers les campagnes

Aujourd’hui plus de 100 000 personnes par an migrent des villes vers les campagnes pour la qualité de vie. Les énergies fossiles se font rares et il faut réduire les émissions de gaz à effet de serre qu’elles produisent. Les villes et les campagnes ne pourront plus s’offrir le luxe de la consommation à outrance et de la production sans limite. Il faut donc les adapter et les faire évoluer vers un système durable. Mais lequel ?

La nature en ville, une nouvelle forme urbaine ?

Une observation : la nature entre en ville : écoquartiers et villes vertes, circulation douce, paysages « naturels », tiers paysage, ruches …  L’agriculture entre en ville : production locale, jardins partagés, serres maraîchères, fermes urbaines, agriculture urbaine… esquissant la nécessité d’un nouveau modèle économique. Est-ce les prémices d’une nouvelle forme urbaine ?

Miser sur les ressources locales

Pour les conférenciers, rendre le couple “Ville Campagne” durable, veut dire les rendre plus autonomes et plus compétitives. C’est l’introduction des circuits courts. “Il ne faut pas perdre nos agriculteurs. Il ne faut pas oublier qu’un agriculteur actif, c’est 6 actifs induits en services à la personne ou à l’entreprise”.  Pour eux, mieux vaut miser sur les ressources locales pour développer et échanger.

L’hyper spécialisation nous rend dépendant des fluctuations du marché

Donc le système de demain sera-il mondialisé ? autonome ? mixte ? Les territoires à énergie positive se sont engagés à produire leur énergie et à l’exporter pour gagner en compétitivité.  Mais une hyper spécialisation comme le préconisait David Ricardo (Il partait du principe que les pays ont une force, une spécialité et que chaque pays doit faire ce qu’il fait le mieux et l’exporter), nous rend dépendant du marché. Il faut avoir des marges suffisantes pour pouvoir assumer les fluctuations du marché. Or la mondialisation ne permet plus ces marges. Ce n’est donc pas le système le plus approprié.

Viser l’autonomie

La solution semble plutôt tourner vers la recherche de l’autonomie énergétique, alimentaire et en biomatériaux. Les conférenciers proposent de renforcer le maraîchage qui est en sous production dans les Vosges (puisque les producteurs n’arrivent pas à fournir les volumes des cantines). “Maraichage et photovoltaïque est un couple parfait !” pour le développement durable. Sous l’ombrage des panneaux, la production augmente. De même, pâturage et panneaux photovoltaïques font bon ménage et génèrent une production augmentée en omega3 et omega 6. Autre intérêt, les panneaux n’immobilisent pas de surface agricole inutilement.

Le miscanthus pour de l’énergie durable

Le miscanthus (encore appelé herbe à éléphants) est une plante originaire d’Asie, de la même famille que la canne à sucre. C’est une graminée pérenne et stérile qui se développe à partir de rhizomes non invasifs. Ses cannes peuvent atteindre 3 à 4m de hauteur. Elles se récoltent entre mars et avril et ont un impact positif sur la qualité de l’eau. À partir de cette plante, on obtient une biomasse à 15 % d’humidité, qui n’a pas besoin d’être séchée, et qui est utilisable directement sans transformation pour le chauffage.

Un combustible durable

Son haut pouvoir calorifique en fait un combustible durable de  qualité régulière avec un potentiel de rendement de 15 à 17T/ha/an. Une expérience est menée depuis 1993 à Ammertzwiller en Alsace. D’après les expérimentateurs, on limite le risque de transfert de produits phytos dans les eaux. On ralentit les coulées de boues grâce à l’implantation de bandes de miscanthus dans les pentes et avec les risques de ruissellement induit par des pluie de plus en plus violentes, c’est un atout.

Le lupin, une source protéique

Le rendement est élevé 88 à 93% et les rejets de gaz à effet de serre limités. Par contre, l’investissement pour implanter les rhizômes est assez élevé mais il peut être aidé, la maintenance des installations doit être fréquente et le volume de cendres est important. L es conférenciers évoquent le lupin bleu, engrais vert qui enrichit le sol et diminue les mauvaises herbes. Le lupin constituent une source protéique de choix dans l’alimentation humaine.

Les bio-matériaux

On connait les potentiels du lin et du chanvre dans la construction, mais il y a aussi les champignons ! Les produits Ecovative par exemple représentent une alternative à des produits d’emballage conçus à base de pétrole. Que l’agriculture fasse mieux ! Il faut augmenter la productivité du sol. Et de donner l’exemple d’une exploitation de 20ha qui cultivent plus de 1000 variétés. La mécanisation n’étant pas possible, ils ont 8 équivalents temps plein. C’est de la vie dans les campagnes. “Développer les biomatériaux, c’est multiplier par 2 ou 3 la productivité de la campagne”. Le mot clé est diversifier !

Une assiette saine et moins chère

A saint-Étienne, la collectivité sert 2800 repas 100% bio provenant à 47% de producteurs locaux et le fait de passer en alimentation locale a fait baisser les tarifs de 10 à 25%. Le programme Afterres 2050 prévoit que notre assiette contiendra en 2050 un tiers en plus de céréales, de fruits, de légumes, moins de sucre et jusqu’à deux fois moins de lait et de viande. C’est un régime conçu avec des nutritionistes qui s’apparente aux régimes méditerranéens d’aujourd’hui.

 

B.Boulay

Journaliste, c'est mon job ! J'aime les rencontres qu'il suscite, la diversité des milieux où il nous mène, les enjeux qu'il explore. J'apprécie le jeu de fil de fériste de l'éthique, qui parfois nous complique bien la vie... Après plus de 15 ans d’actualités locales, ACTU 88 est né. L’essentiel en toute simplicité. ACTU 88, c’est un journal indépendant, une aventure, un regard. C’est l’histoire d’hommes et de femmes qui donnent du sens à des projets. C’est la vie d’un territoire face aux enjeux de l’avenir. Faites-en un favori et contactez-moi ! ACTU 88 sera ce que vous en ferez ...

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