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Imaginales – François Bourgeon : Voyage au long cours …

François Bourgeon, l’homme des passagers du vent et de Cyann, expose à la BMI. Il se prête aux Imaginales, célèbre l’être humain, transcende la différence, butte sur l’esclavagisme et valorise la femme. Rencontre.

– Qu’est-ce qui vous fascine dans la vie ?

La diversité. J’aime rencontrer des gens qui ne se ressemblent pas , qui n’ont pas les mêmes intérêts et n’écoutent pas les mêmes musiques. J’aime raconter des gens qui ressemblent à ceux que j’aimerais rencontrer, ou non. J’ai commencé à travailler dans la presse enfantine avec des scénarii imposés. Ça m’a permis de pousser le coté narratif du dessin. La BD se construit comme un film avec des travelling et des zoom, une première lecture rapide et plusieurs niveaux. J’aime quand on me dit qu’on a découvert d’autres éléments en relisant une BD ancienne. C’est cette manière de charger l’histoire qui m’intéresse.

– Vous êtes plus scénariste, ou plus illustrateur ?

Si j’avais dû rester uniquement dessinateur, j’aurais très certainement fait autre chose. j’ai un film dans ma tête, les dialogues tiennent plus du théâtre. Il faut écrire concis, sacrifier des phrases qui sont belles mais ne tombent pas au bon endroit. Le dialogue doit rouler comme de la poésie. Je suis attaché au nombre de syllabes, au rythme de la phrase.

– Vos femmes sont rebelles, aventurières, libérées avec un caractère bien affirmée, c’est votre idéal ?

Je vais naturellement vers ces tempéraments bien trempés. C’est une manière en tant qu’auteur masculin, d’exprimer la part de féminité qu’il y a en moi. Et puis il y a le plaisir sensuel du dessin. Mais mes héroïnes se trouvent dans des situations qui ne leur laissent pas beaucoup de place.

–  Vous faites voyager vos personnages dans le temps et dans le monde, c’est une sorte d’initiation ?

J’aime le Moyen-âge, pour les décors et les croyances, mais aussi parce que c’est une période charnière, c’est le temps des mutations. Ces époques posent des problèmatiques, que l’on retrouve dans notre monde, comme les questions d’antisémitisme, des Rom, des gens différents … Le passé ne donne pas les solutions, mais il donne quelques clés pour regarder le futur.Quand je me focalise sur un lieu, une histoire, je m’en nourris. Je cherche a approfondir et je partage mes découvertes avec les lecteurs.

– Vous avez l’air de vous focaliser sur l’esclavagisme ?

A l’âge que j’ai, on apprenait le colonialisme à l’école, mais ce n’est qu’en travaillant sur les passagers du vent que j’ai pris conscience de la réalité qui se cachait sous ces termes. C’est quelque chose que je ne pouvais même pas imaginer. L’esclavage est une préoccupation de tous les temps. Aujourd’hui, il y a des métisses un peu partout et c’est une bonne chose. Le nationalisme qui monte n’est pas la bonne réponse. On n’empêchera jamais des gens qui meurent chez eux, de partir ailleurs pour essayer de vivre. Il faudrait plutôt les aider à résoudre les problèmes chez eux pour qu’ils puissent y rester.

– Quel regard portez-vous sur les mutations du monde d’aujourd’hui ?

Quand j’ai commencé, la plupart des illustrateurs travaillaient pour la presse.On a eu la chance de pouvoir apprendre le métier en l’expérimentant. Dans les années 80, l’album était le faire valoir de l’auteur. Les auteurs aujourd’hui doivent être immédiatement performants. Ils n’ont pas droit à l’erreur. Il y a trop d’auteurs, à qui on ne donne pas de chance. J’ai eu la chance que mes albums se soient bien vendus, c’est un confort pour pouvoir travailler sereinement. Ça me donne du poids face aux éditeurs. En presse, on travaille beaucoup, très vite. Moi aujourd’hui, je prends du temps pour chercher la réalité de l’univers que je veux développer. C’est très ludique ! Il faut compter 4 à 5 ans pour finir un album. Je peux me le permettre.

– Le futur vous angoisse ?

L’avenir du livre est très incertain. Les choses vont tellement vite. La protection du droit d’auteur est mise à mal et on piège les lecteurs avec un mirage de gratuité. Peut-être est-ce bientôt la fin de la BD telle que nous la connaissons ? On va un peu trop vite sans suffisamment de réflexion. C’est une époque de doute. On n’ a pas de visibilité. Je ne veux pas tout voir en noir, mais je ne suis pas naïf. Aujourd’hui, on a les moyens de détruire la planète et c’est effrayant. Il faut être exigeant avec notre Gouvernement !

Exposition à la BMI jusqu’au 11 juillet de 13h à 18h30.

 

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