Gilbert Payet – Des synergies à améliorer dans les Vosges pour gagner en performance
Le préfet fait un tour d’horizon de sa perception du département, de ses atouts, de ses freins, et du travail qu’il reste à accomplir pour faire émerger les Vosges.
– Quel regard portez-vous après 2 ans sur les Vosges ?
– Les Vosges rencontrent de grandes difficultés économiques pour des raisons mécaniques comme tous les départements fortement industrialisés, mais le département a de vrais atouts reconnus par tous. C’est la qualité des Vosgiens. Ce sont des personnels sérieux, travailleurs, impliqués, et il y a sur les Vosges, un Savoir-faire exceptionnel, dont on a besoin.
– Qu’est-ce que vous mettriez en avant ? Qu’est-ce qui vous a interpellé ?
– Il y a quelques beaux fleurons comme le Campus bois avec l’ENSTIB, le pôle fibres et matériaux. Les Vosges ont à la fois les usines les plus modernes d’Europe comme dans la papeterie et d’autres qui arrivent tout juste à survivre avec bien du mal et ne dégage pas de valeur ajoutée.
– Le dossier qui vous a marqué ?
– Le dossier UPM a été le plus passionnant parce qu’il a réussi à mobiliser tout le monde, toutes les énergies pour défendre la cause de cette usine. J’en veux personnellement aux dirigeants d’UPM Kymmène, parce que pendant 1 an 1/2, ils nous ont racontés des histoires ! Ils nous ont laissé qu’ils voulaient la reprise alors qu’il s’y opposent par tous les moyens à leur disposition.
– Est-ce que ça met en évidence les limites du système ?
C’est un dossier bien difficile. J’attends que l’OCDE constate qu’UPM n’a pas rempli ses obligations. On devrait avoir la conclusion la semaine prochaine. Et j’espère une condamnation morale d’UPM. Ce n’est qu’une sanction morale, mais ce n’est pas négligeable au niveau des relations internationales.
– Votre conclusion par rapport à un tel dossier ?
– On peut être frustré, mais on est dans un état de droit et on n’a pas les moyens d’obliger un propriétaire qui ne veut pas vendre à le faire. Le prix de vente qu’ils ont fixé est dissuasif. Aucun projet ne peut être viable si on injecte dans l’achat les 10M€ qui devraient servir de trésorerie.
– Votre réussite ?
On s’attendrait à ce je dise : “l’intercommunalité” pour le travail qu’on a accompli mais je préfère citer la mobilisation des acteurs pour l’emploi. Les Vosges étaient mauvais élève par rapport à l’évolution de la situation emploi, aujourd’hui, on se bat pour savoir si on est 1er ou second ! Il reste un effort à faire pour les seniors et les chômeurs de plus de 3 ans.
– Où doit-on être meilleurs ?
– L’économie résidentielle (produite par des gens extérieurs au territoire) peut être améliorée. Il y a des progrès à faire. On peut développer les nouvelles technologies pour créer de l’emploi local. Il reste à travailler sur l’économie circulaire. La forêt ne se délocalise pas, mais si on exporte tout le bois, c’est comme si on délocalisait. Et il y a du chemin à faire pour développer des synergies … IL y a encore des abîmes entre le discours et la réalité !
