Mirecourt – L’abattoir assiégé par les éleveurs
Depuis 6h et jusqu’à la rencontre au Ministère, les éleveurs font le siège. Ils sont en guerre ! Plus question d’être la variable d’ajustement ! Ils veulent vivre de leur travail et ce n’est plus le cas depuis longtemps. Ils demandent que le prix de la viande couvre les charges.
« Il faut trouver une solution et vite parce que ça ne peut pas durer », assène Thierry Bajolet. « Il y a une incohérence, pointe Philippe Clément, président de la FDSEA Vosges, les demandes sur le marché sont en augmentation et les prix baissent quand même ! Chez les concurrents étrangers, les bêtes se vendent plus cher, il n’y a pas de raison que ça ne soit pas possible en France ».
Mettre la pression
Ils ont décidé de mettre la pression. « Si ça doit durer, eh bien ça durera ! » assurent les éleveurs. Ils se sont organisés pour tenir jusqu’ à la rencontre avec le Ministre. « Le marché européen est porteur, souligne Jean-Paul Fontaine, président des jeunes agriculteurs, alors qu’en France, on est dans le marasme, parce qu’il n’y a pas la volonté d’aller chercher des marchés plus porteurs ».
Il y a de la valeur ajoutée à prendre ailleurs qu’avec les GMS
80% de la viande abattue part en Grande et moyenne surface. « C’est un acteur qui paie régulièrement et garantit des volumes d’achat, alors on lui sacrifie le prix et on oublie qu’il y a de la valeur ajoutée à prendre ailleurs ». Le temps n’est plus aux discours, ils veulent du concret ! Ils attendent une mobilisation de la filière pour redonner un sens économique au prix du produit et la dynamisation du marché.
Ils veulent +0,50€ par kg
Une détermination qui n’est pas prête à céder. « Pourquoi ne parle-t-on pas de marge. On travaille pour rien ! , déplore un éleveur. Il nous faut 4 € minimum le kg de viande (animaux pour les bouchers) ». Ils bloquent les abattoirs parce que ce sont eux les premiers interlocuteurs. « Qu’ils se mettent à nos cotés pour aller chercher de la marge auprès des grandes surfaces ! ».
Tous les abattoirs de France
La colère est nationale. Les abattoirs sont bloqués dans la France entière et tous les matins, à 7h30, il y aura une visioconférence inter-sites. « L’Europe est déficitaire en viande de 8%, mais les prix baissent quand même », se désolent-ils. Ils sont prêts à prolonger le siège autant qu’il faudra. Les éleveurs ne travailleront pas plus pour rien, parce qu’ils ont le savoir-faire et les contraintes. Il faudra leur rendre de la marge. « Au moins 0,50€ du kg. Pour le consommateur, c’est 14€ par an, mais pour nous c’est vital. La filière est menacée. Elle encaisse une baisse de 30% des installations. »
