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“Vosges l’appel de la forêt”, l’intemporalité au travers des imaginaires

Quand les brumes s’estompent, on s’attend à voir surgir furtivement quelques elfes de ces grands arbres sombres. On y perçoit tout un monde, une autre dimension, des harmonies. C’est la quête de Jean-Pierre Valentin, cinéaste des grands deserts, qui cherche l’invisible derrière l’aridité et l’essentiel derrière le vide. Il piste l’âme profonde des Vosges…

Jean-Pierre Valentin cherche à faire parler les images. Après avoir parcouru les déserts, il a eu envie de pénétrer les secrets des Vosges. “En filmant, j’ai la volonté d’avancer lentement dans le temps, explique Jean-Pierre Valentin, car je fais des films d’ambiance pour restituer une émotion et cette émotion passe par une durée de plan”.

L’essentiel est invisible pour les yeux

Dans le Sahara, les populations nomades ont un rythme particulier lié aux besoins du bétail et aux impératifs naturels, poursuit-il. Depuis l’adolescence, j’ai une fascination pour des populations qui semblent libres, mais en vivant avec elles, on s’aperçoit qu’elles ne le sont pas autant que ça ! Ce qui me plait, c’est faire passer à l’image ce qu’on ne voit pas. Le désert a une grande valeur symbolique”.

Apprivoiser un territoire

Jean-Pierre Valentin cisèle ses images. Il saisit l’invisible derrière le visible. “Le désert est un territoire qui parait vide, mais qui est habité ou traversé. Si on n’en a pas les clés, on ne va pas trouver ces passeurs. Ce sont eux qui donnent une valeur à ce territoire. J’essaie de retranscrire la manière dont ils ont apprivoisé un territoire hostile“.

Juste le nécessaire

Jean-Pierre Valentin est parti très jeune à l’aventure, dès 20 ans. Il parcourt 4000 km comme une initiation. Il se laisse imprégner par les sensations qui affluent, vit au plus proche des populations et se laisse envahir par les émotions. “Quand on s’installe avec les nomades, tout est sobre, simple, juste nécessaire, observe-t-il. Le lieu en impose. Je pars de l’abondance du monde occidental et j’enlève le superflu”.

Une sorte d’épurement

Annie Tremsal-Garillon est elle aussi, une habituée des déserts. C’est cet univers qui a rapproché l’artiste du cinéaste. “Le désert, c’est la méditation, la contemplation, la lenteur, c’est un autre temps, définit-elle. C’est une ondulation dans une lumière éblouissante, c’est une atmosphère étouffante, une chaleur épaisse, consistante. La seule verticale, c’est le touareg enveloppé dans sa djellaba, qui marche avec une indolence balancée. La-bas, on est interpellé par le silence, la profondeur, le détachement”. Une sorte d’épurement … se vider de tout ce qui est inutile et ne garder que l’essentiel.

Sortir de la représentation

Après avoir réalisé des films sur l’Afrique, Jean-Pierre Valentin a eu envie de se pencher sur les mystères des forêts vosgiennes. Une atmosphère de brume nébuleuse, des tourbières intrigantes, le monde invisible, l’imaginaire poètique. “Je ne veux pas faire un film passéiste”, assure-t-il. Le bois s’impose dans les Vosges, c’est son essence, mais il fera cette évocation à travers le travail d’artistes, pour aborder le sujet par le ressenti profond. “Le propre des artistes, c’est de sortir de la représentation, de transposer, transcrire le milieu”.

Le rythme des ombres et des lumières

Annie Tremsal ne peint pas des arbres, mais elle vit au milieu des arbres. Son atelier se trouve sur le versant montagneux au Thillot et il donne sur la forêt : “Je suis prise par la forêt, le rythme des ombres et des lumières”, confie-t-elle. Ce que recherche Jean-Pierre Valentin, c’est la complicité entre l’arbre et l’artiste pour la création. Il filme un grimpeur cueilleur, un «métier à la fois poétique, engagé, et quelque peu dérisoire», écrit Rémy Caritey dans le Vertige des forêts, un sculpteur, un illutrateur, un apiculteur…

La forêt mémoriale

“L’idée, c’est d’évoquer cette magie de la forêt, en évoquer l’âme et traduire les ambiances tellement différentes, explique le réalisateur. C’est aussi d’évoquer la forêt mémoriale. Mon grand-père s’est battu sur la Crête vosgienne. Les arbres sont encore marqués par ces combats”. Les abris se dissimulent sous les roches. La forêt porte ces cicatrices. Certains arbres ont embarqué les barbelés dans leur croissance. “Je cherche à donner du massif une vision émotionnelle”.

L’ancrage

Il évoque la symbiose entre l’homme et l’arbre, ses symboles d’éternel présent, d’intemporalité apparente, de résonance entre le milieu et l’homme. Il veut une parole forte, il piste la connivence… “Tout ça ensemble, ça résonne”, assure le réalisateur. Il se penche sur les contrastes forts de la forêt, statique et en mouvement, une forêt qui se transforme dans la lenteur, son ancrage en opposition à un monde qui virevolte où tous ont perdu leurs repères et sont bringuebalés en tous sens, sans y trouver de sens.

Les Vosges portées à l’extérieur

Le Massif Vosgien n’est ni un milieu aride, ni un milieu où l’on est en survie, mais au coeur de ces énergies du début des temps, s’esquisse une autre dimension ressourcante, et ce voyage, Jean-Pierre Valentin veut le partager dans la plongée émotionnelle des images. “Vosges, l’appel des forêts” sera encore en tournage jusqu’à la fin de l’automne. Il sera prêt en janvier 2016 et portera les Vosges à l’extérieur du département, mais avant, il faudra négocier avec les diffuseurs !

 

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