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PolitiqueSanté

La santé pour tous, adapter le projet au territoire

Jeudi soir à Chantraines, l’Agence régionale de santé (ARS) présentait le pacte territoire santé aux élus et professionnels vosgiens. L’objectif est d’affiner le projet en fonction des réalités locales.

Les territoires ne sont pas égaux face à l’offre de santé. C’est un fait ! Certains  spécialistes font cruellement défaut sur les territoires ruraux et les médecins généralistes ne peuvent plus prendre de nouveaux patients. « N’oublions pas que la pénurie de médecins a été voulue et que des responsables publics sont toujours là », déplore un médecin.

Les quotas qui régulaient le nombre de médecins, ont longtemps été verrouillés. Ce n’est plus le cas, mais l’augmentation de 54,6% en 10 ans, ne suffit pas à résoudre le problème des déserts médicaux.

Pour y remédier, Marisol Touraine, Ministre des affaires sociales et de la santé, annonçait le 13 décembre 2012, un plan de lutte contre les déserts médicaux.

Pour la Lorraine, l’Agence régionale de santé a organisé une réunion de concertation par département. Les Vosgiens ont répondu présents, jeudi soir, mais Yannick Dars, médecin et conseiller général, notait l’absence d’étudiants en médecine pourtant particulièrement concernés.

Des médecins généralistes

3 grands objectifs sont proposés pour faire évoluer la situation. Le premier vise à attirer de jeunes médecins sur les territoires « désaffectés ». Le 2e concerne les conditions d’exercice, le 3e vise à trouver des solutions pour les territoires isolés.

Concrètement dans les Vosges, la moyenne d’âge des médecins généralistes est de 52 ans. 46% ont plus de 55 ans et la plupart sont regroupés autour des pôles urbains. De manière générale, les effectifs sont en baisse de 5 % depuis 5 ans. Le solde entre les médecins qui prennent leur retraite et les nouveaux installés est négatif en Lorraine à cause de la Moselle. Dans les Vosges, il est nul. En Meuse et Meurthe et Moselle, très légèrement positif. Il y a donc un vrai besoin de renouvellement.

Pour donner aux étudiants le goût de la médecine générale sur le terrain, le pacte territoire santé propose que tous les étudiants de 2e cycle effectuent un stage de médecine générale. Il offre d’ici 2017, 1500 bourses à des internes en échange d’une installation dans une zone déficitaire.  « Les étudiants en médecine sont formés dans les centres hospitaliers, argumente Serge Morais. Ils ne savent pas ce qu’est le métier de généraliste ».

En Lorraine, sur 24 contrats potentiels, 10 ont été signés et 4 pour des internes, malgré l’accompagnement personnalisé de l’ARS.

Aider l’installation dans les zones déficitaires

Le pacte territoire santé envisage encore de sécuriser une première installation sur un territoire déficitaire pour 200 praticiens de médecine générale. Il leur garantirait un revenu de 55 000€ par an pendant 2 ans. Enfin, il y aura dans chaque région, un référent unique pour l’installation des jeunes médecins. Pour la Lorraine, c’est Philippe Coudray, chef de projet sur l’organisation des soins de proximité.

« A aucun moment, on a une analyse du système, ce qui fonctionne ou non », s’étonne le Docteur Jean-Claude Masson, responsable du pôle anesthésie du centre hospitalier d’Épinal. Le docteur Bastien de Remiremont, responsable d’une maison de santé, fait remarquer que le temps de travail d’un médecin généraliste est de 60h et qu’il faut également assurer le déneigement la gestion administrative et parfois remplacer le secrétariat. Cette surcharge de tâches effraie les jeunes médecins.

« Aujourd’hui, l’organisation libérale ne correspond plus à ce que veulent les jeunes », remarque le docteur François Fouchet. « Ce n’est pas l’argent qui les intéressent, complète le docteur Xavier Deau de Golbey. Ils cherchent avant tout des conditions de pratiques conciliables avec une vie de famille et une vie sociale. » « Ils ne veulent pas travailler de manière isolée », renchérit Yannick Dars.

C’est le 2e objectif.

Une organisation en équipe pluridisplinaire

Les cabinets mutualistes, les maisons ou les centres de santé, pourraient répondre à ces besoins, mais elles ont un coût élevé. « Aujourd’hui, nous sommes bloqués par des coûts de fonctionnement », relèvent plusieurs praticiens.

La région Lorraine est une région expérimentale depuis 2004. Elle compte 23 maisons de santé dont 8 dans les Vosges et 4 en projets toujours dans les Vosges.

La ministre envisage de créer un label des maisons de santé et de les rapprocher des universités.

Autre alternative, développer la télémédecine

Une expérimentation est prévue sur la filière dermatologie. Une expérience fonctionne très bien à Bulgnéville, où un rétinographe a été installé. L’orthoptiste fait les clichés et l’interprétation se fait à distance par un ophtalmologue de Neufchâteau. La solution pourrait se trouver dans des coopérations : avec les équipes de premiers secours ou comme à Gérardmer, sous forme de convention entre les médecins et les infirmières pour les maladies chroniques…

Un médecin de l’EHPAD de Darney explique qu’il avait trouvé un kinésithérapeute bulgare marié à un ophtalmologue. Tous deux étaient prêts à travailler en France, mais il y a un délai de 3 mois avec le risque de les voir partir ailleurs. « Nous, nous sommes dans le faire, avec en face, des gens qui empêchent de faire. Les généralistes ont tout ça à gérer »

Étendre le dispositif à certaines spécialités

Le docteur Isabelle Caillier du centre hospitalier de Remiremont suggère une extension du dispositif aux médecins spécialistes pour certaines disciplines comme la pédopsychiatrie, l’ophtalmologie ou la dermatologie, où il y a de vraies carences. Docteur Sandrine Boulay abonde dans ce sens .« La fac de Nancy forme beaucoup de généralistes, mais il faudrait aussi des spécialistes », remarque-t-elle.

Après l’internat, 1M€ par an pourrait être dégagés pour financer des postes d’assistants spécialistes dans les centres de santé. Il est question de demander une  contribution aux centres, pour augmenter le nombre d’assistants.

A moins de 30 mn des urgences

Il reste encore à organiser les territoires pour que chacun soit à moins de 30 minutes d’un centre urgentiste. Ce n’est pas le cas partout, surtout si on tient compte des conditions météo en hiver. Il est important d’ouvrir des relations interrégionales pour les frontaliers, qui peuvent être plus prêts du centre hospitalier d’une autre région.

Structures ambulatoires, partenariat entre centres de proximité et centre hospitaliers, mais dans un projet global de santé, pour ne pas renforcer la dévitalisation.

« Formons en Lorraine des étudiants Lorrains qui resteront certainement en Lorraine après leurs études et résistons au lobbying parisiens qui pensent en parisiens », conclut Yannick Dars.

Une synthèse régionale sera remise le 7 mars au Ministère de la santé.

B.Boulay

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