Saint-Dié – Sitting pour que Yoni et ses enfants aient un toit !

Ils étaient 70 environ devant la préfecture, rassemblés pour que Yoni N’Doye et ses enfants ait un toit ce soir. Aujourd’hui, il ne s’agissait pas de Sans papier, mais d’une famille à la rue ! Aïssatou a 3 ans. Elle attend de rentrer à l’école en moyenne section demain et Mohamed ouvre de grands yeux du haut de son année. Il est né ici ! Ce soir, ils sont à la rue, après 3 ans en France …

Des enfants qui sont dans la même classe que Aïssatou, sont là avec leurs parents, parce que, quand les enfants jouent ensemble, évoluent ensemble, comment tolérer de les voir à la rue ? Des associations de défense des droits de l’homme, les restos du coeur, des travailleurs sociaux, des éducateurs, des prêtres, des communautés sont venus soutenir Yoni et ses enfants. Depuis 3 ans1/2,  Yoni s’est fait des amis.

3 critères de priorité sur 4

Déterminés, ils plaident l’humanité tout simplement. Le reste ne leur appartient pas, mais en France, comment peut-on faire dormir dehors une mère et ses 2 jeunes enfants ? “C’est le 115 qui gère l’hébergement d’urgence, mais si l’on regarde les critères de priorité dictés par l’État, Yoni en a au moins 3 sur 4. C’est une femme seule, vulnérable avec des enfants de moins de 10 ans et  dans des conditions sanitaires précaires. Pourtant, elle n’a toujours pas de logement pour ce soir ! Comment la préfecture peut-elle ne pas appliquer les principes qu’elle érige elle-même ?”, insiste Jean-Louis Didelot.

2 personnes en délégation, mais pas Yoni !

Article 5 des droits de l’homme : Nul ne sera soumis à la torture, ni à des peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants. Jean-Louis Didelot brandit cet article,  pour argumenter sur la nécessité de protéger ces 2 enfants. Yves Camier, sous-préfet de Saint-Dié accepte de recevoir 2 personnes, … mais pas Yoni ! Les personnes présentes sont choquées ! Les huées fusent. “C’est scandaleux !” entend-on. “Honte à la République !”. “Hautement symbolique”, lâche le représentant d’Attac.

Il faudrait que l’enfant tombe malade…

Jean-Louis Didelot du Collectif 88 d’aide aux Sans papier et Camille, une assistante sociale qui suit le dossier de Yoni, vont négocier avec l’État. A peine 10 minutes plus tard, ils ressortent outrés. “Yoni est sous le coup de la loi. L’obligation de quitter le territoire aurait été prolongée, explique Jean-Louis Didelot. On nous a dit que si l’enfant tombait malade, on trouverait une solution“. Une proposition qui horrifie les 2 représentants ! “Ce n’est même pas garanti, rétorque une autre. On a déjà vu cette situation. L’enfant est hospitalisée et la mère se débrouille comme elle peut”.

On est humain ou on ne l’est pas !

“Le 115, c’est pour tout le monde ! C’est une question de dignité humaine et ça n’a rien à voir avec la demande d’asile, insiste Jean-Louis Didelot. On est humain ou on ne l’est pas !“. Mais le 115 a pour consignes d’éviter de prendre en charge les personnes sans papiers. Yoni a fait une demande de titre de séjour auprès du préfet des Vosges, mais pour l’instant, elle est en situation irrégulière. La préfecture restant sourde à l’urgence de la situation, le groupe va demander un hébergement à la ville.

2 nuits à l’hôtel

Le directeur de cabinet, Patrick Schmitt reçoit la délégation, en précisant bien que le cas n’est pas du ressort de la ville. “Il s’agit d’enfants, pas d’autre chose !” répète inlassablement Jean-Louis Didelot. Et la détresse humaine, qui concerne-t-elle ? Patrick Schmitt promet de trouver 1 ou 2 nuits. Finalement, Yoni et ses enfants seront hébergés 2 nuits à l’Hôtel de France par l’intermédiaire du Centre communal d’action sociale. Le collectif 88 y sera. Pas question de lâcher prise, mais au moins Aïssatou pourra faire sa rentrée comme ses camarades !

 

 

 

 

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page